Réguler les reconversions vers médecine esthétique ? C'est le nouvel objectif du Dr Yannick Neuder. Le député-cardiologue, membre des Républicains (LR), a déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale visant à encadrer les reconversions vers l'exercice de la médecine esthétique des généralistes et spécialistes. "Le recours de plus en plus important à la médecine esthétique notamment poussé par les réseaux sociaux et son caractère lucratif a entraîné des dérives mais aussi un attrait généralisé pour des carrières médicales dans cette spécialité en plus de reconversions qui fragilisent les autres spécialités", explique le député de l'Isère dans un communiqué, diffusé jeudi 21 mars. "Une poussée de la pratique esthétique au détriment d’autres actes a, par exemple, pu s’observer en dermatologie dans certains cas", prolonge-t-il.
Communiqué : je dépose une proposition de loi visant à encadrer les reconversions vers l’exercice de la médecine esthétique des médecins généralistes et spécialistes.
Venant d'une partie du personnel politique et au-delà, ne laissons pas s'installer les dérives.
Mon… pic.twitter.com/eH6vrh79gx— Dr. Yannick Neuder (@yannickneuder) March 21, 2024
Alors que l'ancien ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé cette semaine son choix – largement critiqué par la communauté médicale – de se tourner vers la médecine esthétique, Yannick Neuder se défend de tout lien entre sa proposition de loi et cette récente actualité. "C’est un texte sur lequel je travaillais depuis longtemps, et cela n’a rien voir avec Olivier Véran", a-t-il soutenu, dans les colonnes du Dauphiné Libéré.
Selon des estimations de l'Ordre des médecins, au moins 9 000 praticiens pratiqueraient la médecine esthétique en France, note le député en préambule de sa proposition de loi. "Toutefois, ce chiffre pourrait être largement sous-estimé", souligne-t-il, précisant que ce phénomène de reconversions de praticiens vers cette spécialité "est accentué par une absence totale de régulation". "Actuellement, n’importe quel médecin peut retourner sa blouse sans se manifester. N’étant pas une spécialité médicale, mais seulement un ensemble d’actes, il n’y a aucun quota, contrairement à la chirurgie esthétique par exemple. En conséquence, une majorité de médecins esthétiques seraient initialement médecins généralistes", prolonge Yannick Neuder.
Face à ce constat, et alors que "paradoxalement 87% du territoire est un désert médical", le député isérois propose donc – dans un article unique - de conditionner la pratique de la médecine esthétique à "une autorisation de l'autorité administrative territorialement compétente et après avis conforme du conseil départemental de l'ordre des médecins". En décembre dernier, une autre proposition de loi du député Yannick Neuder, visant notamment à augmenter le nombre de médecins formés en France, avait été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale. Ce texte doit désormais être discuté au Sénat.
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