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Former les soignants à "l'aide à mourir" : c'est non pour la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs

Un amendement à la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d'accompagnement, actuellement examinée en commission, prévoit d'intégrer "explicitement" une "formation relative à l'aide à mourir" dans le cursus des professionnels de santé et du médico-social. Ce que la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a vivement dénoncé.

11/04/2025 Par Louise Claereboudt
Ethique Fin de vie
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"Comment peut-on envisager de former à un acte qui n'existe pas dans le droit français ?", interroge la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi 11 avril. L'organisation, qui fédère plus de 10 000 soignants (libéraux ou hospitaliers) impliqués dans la démarche palliative, s'inquiète de l'adoption, en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, d'un amendement à la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d'accompagnement. Texte qui, avec la proposition de loi relative à la fin de vie, doit faire son entrée dans l'hémicycle le 12 mai.

Cet amendement, porté notamment par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo – très impliquée sur ce sujet – complète l'article 8 de la PPL, qui vise à mettre en place "une formation à l'accompagnement de la fin de vie et à l'approche palliative" pour les étudiants en médecine. Cet article prévoit aussi que les professionnels de santé et du secteur médico‑social reçoivent "une formation spécifique sur l'évolution des soins palliatifs et d'accompagnement", "la prise en charge de la douleur", l'accompagnement de la fin de vie", "les dispositifs d'expression de la volonté des malades", ou encore "l'accueil des personnes en perte d’autonomie et de discernement et le suivi des mineurs".

L'amendement déposé par Agnès Firmin Le Bodo (ainsi que Nathalie Colin-Oesterlé et François Gernigon, également affiliés au groupe Horizons et indépendants) prévoit de "compléter [ces] formations dispensées", "en y intégrant explicitement une formation relative à l'aide à mourir". "Une telle initiative, précipitée et déconnectée des réalités actuelles de notre droit, pose un grave problème de cohérence et de responsabilité", alerte la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, qui ajoute que "l'incohérence légistique de cet amendement devra d’ailleurs être soulevée".

"Qui serait compétent pour assurer la formation initiale et continue en 'aide à mourir' ?", questionne l'organisation. "La question est vertigineuse, car il est impossible de former sérieusement à un geste qui demeure, à ce jour, illégal (et qui l'est dans l’immense majorité des pays étrangers)". Et de préciser qu'il n'existe "ni référentiel officiel ni cadre de pratiques reconnu" actuellement, "ce qui rend toute formation prématurée, juridiquement risquée et éthiquement problématique".

"Rappelons que les étudiants en médecine reçoivent en moyenne moins de 10 heures de formation sur la douleur, la fin de vie et les soins palliatifs sur l'ensemble de leur cursus", pointe la SFAP, pour qui il est "d'autant plus incompréhensible que l'on puisse envisager d’ajouter une formation sur un acte aussi lourd de conséquences, sans même que le débat législatif ait abouti".

L'organisation appelle ainsi "solennellement" les parlementaires à recentrer les priorités : "former massivement et sérieusement aux soins palliatifs et au soulagement de la douleur avant d'ajouter des actes controversés, non encadrés, et juridiquement infondés". "Nous ne pouvons pas continuer à construire la fin de vie sur des slogans. Ce sont des personnes, des souffrances, des familles, et des soignants qui attendent des réponses concrètes", lance-t-elle.

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Claire FAUCHERY

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1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 8 mois
Se cacher les yeux, se boucher les oreilles, n'est pas une façon très courageuse de parler de choses graves avec les patients qui recherchent une information. "Enseigner ce qui n'est pas légal" n'est pas le but. Mais ne rien savoir de ce qui préoccupe le malade est un déni de responsabilité. L'avortement existait bien avant la légalisation de l'IVG et la connaissance de l'acte aurait pu éviter bien des complications. Bref, sans revenir sur des prises de positions que j'ai tenues antérieurement, il me semble que connaître (apprendre?!) les modalités de l'information, celles de l'administration des produits, leurs effets attendus comme leurs complications, donc leurs échecs et les conditions légales dans dans lesquelles elles peuvent s'appliquer sont préférables à une autorisation légale dont on aurait pas anticipé la formation nécessaire. C'est un mal tout à fait "français" de voter une loi sans s'assurer qu'elle soit applicable et donc d'en dénoncer les travers et les impossibilités.
Photo de profil de MICHAEL FINAUD
4,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
Il est consternant de voir que ce projet de Loi quasi imposé par une minorité de Députés qui ont perdu les élections et sur l'avis d'une convention citoyenne de 280 personnes triées est débattu sur des critères politiques, sur des critères partisans et d'opinion et non sur des critères simplement humanistes, et sanitaires. La France dispose d'une Loi Claes-Léonetti parfaitement claire qui donne la liberté de sa fin de vie par les directives anticipées et avec les soins palliatifs et les protocoles de sédation jusqu'au déçès, cette Loi offre des fins de vies paisibles, douces et dignes plutôt que des injections de mort brutales décidées par n'importe qui pour n'importe quoi. On n'a jamais autant disposé d'outils techniques efficaces pour accompagner la fin de vie et on va ouvrir cette boîte de Pandore de l'euthanasie et du suicide provoqué que 11 pays sur 191 ont expérimenté et qui en observent tous les dérives et des exçès. Les soignants Français sont , une fois pris en otages de la dictature d'opinion
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382 points
Médecine générale
il y a 8 mois
Au nom d'une idéologie sous influence religieuse, le refus d'acharnement thérapeutique s’est transformé en une légalisation de « l'acharnement palliatif ». Les médecins ne doivent pas oublier qu'ils sont là avant tout pour soigner de la naissance à la mort, sans démissionner au dernier moment. IIs doivent également se souvenir quils sont au service des citoyens, surtout lorsque ceux-ci réclament leur droit d'exercer leur dernière liberté. Une liberté qui n'empiète en rien celle des autres. Mais les médecins ne peuvent exercer pleinement leur rôle que si la société cesse hypocritement de les sanctionner dès qu'ils répondent à la demande des malades désireux de finir leur vie sans souffrance. La formation des soignants à l’aide active à mourir sera essentielle.
 
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