"De l’humour carabin" : Quand le SML est accusé de menacer Braun d’émasculation

02/03/2023 Par Louise Claereboudt
Syndicalisme
Réagissant à l’échec des négociations conventionnelles, ce lundi 27 février, sur France Inter, le ministre de la Santé a affirmé continuer de "discuter de façon virile mais correcte" avec les syndicats de médecins libéraux. Une déclaration qui ne passe pas du côté du SML.
 

Alors que les tensions avec les représentants des médecins libéraux étaient déjà vives, cette petite phrase n’a pas manqué de nourrir le foyer de l’incendie. Interrogé ce lundi sur France Inter à propos de l’échec des négos conventionnelles, le ministre de la Santé a affirmé que le lien n’était toutefois "pas rompu" avec les syndicats. "Nous discutons de façon virile mais correcte pour faire une référence au match de rugby d’hier [France-Ecosse, NDLR]", a-t-il déclaré. Un terme qui passe mal du côté du Syndicat des médecins libéraux (SML) qui a réagi mardi par voie de communiqué, jugeant cette allocution "édifiante". "Inconscient d’être dans un match de rugby, le SML négociait dans l’idée d’une co-construction de la convention, bénéfique aux patients parce qu’elle le serait aux médecins", a déclaré l’organisation, qui a rejeté les propositions de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. Le syndicat présidé par la Dre Sophie Bauer ajoute : "Si c’est l’aspect ‘viril’ qui a mené à cette parodie de négociations, le SML rappelle qu’il a élu à sa tête une chirurgienne parfaitement capable de pratiquer l’ablation de tout appendice dépassant du corps et qui aurait pu perturber le processus de négociations. Cette possibilité vaudra d’ailleurs pour toute nouvelle tentative institutionnelle de ‘viriliser’ les débats." Certains criant à la menace directe d’émasculation, un terme qui n'a pas été prononcé par le syndicat. La députée de la majorité Stéphanie Rist a pris la défense de François Braun, lui accordant son soutien sur Twitter. "On peut ne pas être d’accord. Mais à aucun moment nous ne pouvons tolérer des menaces comme celles-ci." Une prise de position reprochée par la communauté médicale de la plateforme. "En tant que femme la moindre des choses serait de défendre les trois présidentes de syndicats professionnels* qui ont pu se sentir offensés par les propos du ministre", écrit par exemple un internaute-médecin.

De son côté, le ministre a distribué un "carton rouge" au SML : "Au rugby comme en santé, la victoire s'obtient par l'engagement au service du collectif, la violence mène à l'exclusion", a-t-il écrit sous le post de Stéphanie Rist. Comme l’avaient soulevé d’autres praticiens adeptes de Twitter, le SML insiste sur le caractère humoristique de ses propos. "Evidemment, c'est de l'humour carabin", a assuré la Dre Sophie Bauer, contactée par Egora. "On pensait qu'il pouvait comprendre ayant fréquenté les salles de garde", a-t-elle ajouté, indiquant que "la profession" a "beaucoup ri" du communiqué du SML. Pour la chirurgienne néanmoins, les propos "déplacés et phallocratiques du ministre" ne pouvaient rester sans réponse. "On est une profession à 70% de femmes, donc je dirais qu'on lui a simplement renvoyé la monnaie de sa pièce." "On en a ras-le-bol de ces propos phallocratiques en médecine, ça reste malheureusement très répandu, et les femmes médecins en ont marre", dénonce la vice-présidente de l'association "femme médecin libéral". La présidente du syndicat soulève en effet "des problèmes" dans la communication du locataire de l'avenue de Ségur. "C'était le dernier dérapage en date. Et là, c'était trop, ce n'est pas passé dans nos rangs", explique la praticienne, qui rappelle que la comparaison par le ministre des revalorisations proposées par la Cnam à un 13e mois avait déjà nettement agacé les libéraux. 

*MG France est présidé par la Dre Agnès Giannotti, la FMF par la Dre Corinne Le Sauder et le SML, donc, par la Dre Sophie Bauer.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

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Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

 
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