Moins d’un travailleur sur cinq (18 %) exerce un métier « mixte », c’est-à-dire dans lequel chaque sexe représente au moins 35 % des effectifs, selon l’Observatoire des inégalités. Alors que la profession de médecin et les professions « intermédiaires » ont atteint la mixité et que les femmes représentent désormais 40 % des cadres, 75 % des postes d’employés restent occupés par des femmes et 80 % des postes d’ouvriers par des hommes. 70 % des femmes exercent un métier « féminisé » (comptant au moins 65 % de femmes) : soin et santé, services aux particuliers (assistantes maternelles, aides ménagères) et postes administratifs, quand deux hommes sur trois ont un métier « masculinisé » : BTP, transport, industrie, informatique… Inégalités inter- et intra-professionnelles A métiers différents, risques différents. Si les hommes sont globalement plus exposés à la pénibilité physique, les femmes subissent davantage de contraintes psychosociales. Au sein des métiers de service, les salarié-e-s sont davantage soumis-es « à des contraintes d’organisation du temps de travail, des exigences émotionnelles et/ou une faible latitude décisionnelle », signale une étude (1) de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, ministère du Travail (Dares) publiée en janvier 2023. « Ces différences sont liées aux métiers qu’ils et elles exercent le plus souvent, mais s’observent aussi au sein même des professions », ajoute l’étude. « Dans les métiers mixtes, les métiers féminisés de service et les métiers masculinisés ouvriers, où les risques professionnels sont les plus élevés, les femmes sont davantage confrontées que les hommes à tous les risques (travail intense, conflits de valeur, instabilité du poste, manque d’autonomie et de reconnaissance, etc.) à l’exception de la pénibilité physique. » Invisibilisation des risques chez les femmes… Ainsi, alors que le nombre d’accidents du travail a reculé de 27 % chez les hommes entre 2001 et 2019, il a augmenté de 42 % chez les femmes, selon les chiffres de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne, la co-exposition aux facteurs de risques physiques et psychosociaux multiplie par quatre le risque d’accident du travail, selon une étude (2) de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) publiée en décembre 2022. Les femmes sont deux fois plus exposées que les hommes aux troubles musculo-squelettiques (TMS), qui représentent aujourd’hui la première cause d’arrêt de travail (88 % des 50 000 maladies professionnelles reconnues en 2018). En outre, les impacts du travail sur la santé féminine sont largement sous-évalués car moins documentés. … et précarité accrue A ces contraintes directement liées au métier et au sexe du travailleur s’ajoutent les situations d’instabilité professionnelle qui touchent plus souvent les femmes. « La séparation en "métiers d’hommes" et "métiers de femmes" contribue à alimenter les inégalités, les métiers féminisés étant souvent marqués par la précarité, le temps partiel subi et les bas salaires », selon l’Observatoire des inégalités.
Enfin, les femmes ont gardé à leur charge l’essentiel des tâches domestiques et sont le plus souvent à la tête des familles monoparentales. Les femmes à temps complet travaillent en moyenne 1 611 heures par an et les hommes 1 730 heures, en partie en raison des différences de métier. « La durée du travail est liée à la situation familiale : les femmes de 25 à 49 ans vivant seules travaillent plus que celles vivant en couple avec enfants (131 h de plus en moyenne), excepté les employées de commerce et de service. À l’inverse, les hommes cadres de 25 à 49 ans travaillent en moyenne plus lorsqu’ils sont en couple avec enfants que les hommes vivant seuls », selon une synthèse (3) publiée par la Dares en août 2021. « En France, l’organisation du travail est masculine et favorise le présentéisme, impliquant que la femme soit à la maison et s’occupe de tout le reste... alors que les Françaises sont celles qui travaillent le plus », décrit Marie Pezé, psychologue, fondatrice du réseau de consultations Souffrance et Travail.
Le médecin devra tenir compte de ces spécificités pour mieux prendre en charge ses patientes.
Des expositions accrues chez les travailleurs les plus précaires
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