Rare mais potentiellement grave : l’hypercalcémie secondaire à des injections cosmétiques

11/04/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les injections de produits à visée cosmétique comme la silicone ou le polyméthylméthacrylate sont très utilisées pour augmenter la taille et modifier l’aspect de certaines parties du corps comme les seins, les fesses ou les jambes et cela depuis des années. Cependant, ces injections cosmétiques peuvent être à l’origine de granulomes à corps étrangers et, parfois, d’hypercalcémies sévères voire dangereuses.
 

 

Une équipe américaine a donc analysé de manière systématique la littérature publiée sur ce sujet.

Les cas de 23 patients, rapportés dans 20 articles différents, ont été retrouvés, leur âge moyen était de 49.8 ± 14.7 ans (78.2 % de femmes). Les injections de silicone étaient les plus fréquemment utilisées (43%) suivies par les injections de polyméthylméthacrylate (30 %) et d’huile de paraffine (8 %). Les fesses étaient le site le plus fréquemment injecté (69.5 %), suivies par les seins (31.1 %). L’hypercalcémie s’est développée après une durée moyenne de 7.9 ± 7.1 années après la procédure initiale. La calcémie moyenne au diagnostic était de 2.19 ± 0.61 mmol/l et la calcémie corrigée moyenne de 3.43 ± 0.31 mmol/l. La 1-25 OH vitamine D (calcitriol) était élevée alors que la 25 OH vitamine D et la PTH étaient basses dans la majorité des cas. L’hypercalcémie a été prise en charge par hydratation, corticoïdes et biphosphonates dans la majorité des cas. Une chirurgie d'exérèse a été tentée dans 2 cas mais sans succès. L’insuffisance rénale était la complication la plus fréquente (82.3 % des cas) et 2 patients sont décédés. L’hypercalcémie secondaire à des injections cosmétiques est rare mais peut être sévère et mettre la vie en danger. Elle peut survenir plusieurs années après la procédure. Les granulomes associés à des injections cosmétiques doivent être considérés comme une cause potentielle d’hypercalcémie, particulièrement chez les femmes d’âge moyen présentant une hypercalcémie bénigne, non médiée par la PTH et souvent associée à une augmentation du calcitriol.

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Michel Pailleux

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