Maladie de Lyme : l’Académie dénonce des messages sans fondement scientifique
L’Académie nationale de médecine met en garde patients médecins et pouvoirs public contre les pressions exercées pour faire reconnaitre une forme chronique de maladie de Lyme qui, selon elle, ne repose sur aucun fondement scientifique.
Depuis quelques années, la maladie de Lyme alimente de vifs débats. La polémique concerne la reconnaissance et la prise en charge de la maladie, principalement dans sa forme chronique. Le débat oppose ainsi les partisans d’une vision classique de la maladie et ceux militant pour la reconnaissance d’une forme chronique, une sensibilisation de la population et une modification des recommandations actuelles. Un "Plan de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques" a été lancé fin 2016 par le Ministère des affaires sociales et de la santé, visant à assurer une prise en charge standardisée et limiter l’errance des patients souffrant de symptômes chroniques. Il prévoit notamment l’élaboration d’un protocole national de diagnostic et de soins. Messages diffusés "sans fondement scientifique" Cependant la médiatisation sur ce sujet n’a pas diminué. C’est pourquoi l’Académie de médecine, "alertée par les rumeurs diffusées par des groupes de pression", et qui s’est déjà engagée sur ce sujet (séance du 20 septembre 2016) a souhaité prendre une nouvelle fois position. Elle considère, en effet, que de nombreux messages sont diffusés "sans fondement scientifique", notamment par la "Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques". La question centrale est l’existence réelle ou non d’une forme chronique de maladie de Lyme. Pour l’Académie, cette "maladie de Lyme chronique", qui serait liée à la persistance de l’agent pathogène dans l’organisme pendant des années, repose sur une "hypothèse non scientifiquement démontrée d’une 'crypto-infection' servant à justifier le recours à des traitements antibiotiques prolongés". Les symptômes dont souffrent les patients sont mal définis, subjectifs (fatigue, crampes, douleurs musculaires, acouphènes, troubles du sommeil ou de l’humeur, pertes de mémoire, etc.), et non spécifiques de la maladie de Lyme. La "facilité trompeuse" du diagnostic L’Académie désapprouve donc l’attitude des praticiens qui cèdent à la "facilité trompeuse" du diagnostic de "maladie de Lyme chronique" face à des patients en errance diagnostique. Elle souligne que certains praticiens ont des liens d’intérêt et se font l’écho d’associations non reconnues officiellement telles que l’International Lyme and Associated Diseases Society (Ilads). Selon les académiciens, ces médecins entretiennent l’inquiétude des malades. L’Académie critique aussi l’attitude de certains laboratoires de recherche qui répondent à la demande de "praticiens désinformés, soucieux de confirmer coûte que coûte, y compris par la modification des seuils de positivité des tests, leur diagnostic de 'maladie de Lyme chronique'" . En outre, pour les académiciens, le traitement au long cours (antibiotique, antiparasitaire, antifongique ou anti-inflammatoire) "ne repose sur aucune donnée expérimentale probante et ne s’appuie sur aucun essai clinique randomisé contrôlé", et peut, au contraire, être nocif pour le malade, l’écologie microbienne, et l’Assurance maladie. L’Académie de médecine met donc "solennellement en garde les pouvoirs publics qui, afin de répondre à l’inquiétude des patients trompés par des groupes de pression, cèderaient au chantage dont ils sont l’objet sans référence scientifique et porteraient ainsi une lourde responsabilité dans l’adoption de mesures inappropriées". Elle "condamne sévèrement les campagnes de désinformation menées par des groupes de pression en quête de judiciarisation et de réparations financières d’un préjudice inexistant". Au contraire, elle confirme la validité des recommandations nationales en vigueur émanant de la 16ème Conférence de consensus du 13 décembre 2006 "Borreliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeutiques et préventives" et met en garde contre "toute sollicitation de révision scientifiquement infondée". Elle souhaite que le protocole national de diagnostic et de soins prévu par le Plan de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques s’appuie sur les faits scientifiquement établis et ne soit pas influencé par "des assertions aujourd’hui scientifiquement non fondées".
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