Covid sévère : efficacité non prouvée du tocilizumab

21/10/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Trois études qui viennent d’être publiées dans la revue américaine Jama Internal Medicine ne parviennent pas à prouver l’efficacité du tocilizumab chez les sujets hospitalisés pour Covid sévère.

La première étude est une étude d’observation, qui a été menée dans 68 hôpitaux américains. Les deux autres, de taille plus petite, sont des essais randomisés versus traitement standard, qui ont été réalisées en France et en Italie chez des malades sévères hospitalisés. Selon la conclusion du Dr Jonathan Parr (Université de Caroline du Nord), dans un éditorial de la revue: les études française et italienne « suggèrent un rôle potentiel pour le tocilizumab contre le Covid-19, mais ne fournissent pas de preuves claires d'efficacité ». « Ces résultats ne permettent pas de justifier l'utilisation de routine du tocilizumab contre le Covid-19 dans la plupart des centres », poursuit le Dr Parr, qui souhaite attendre les résultats des cinq autres essais randomisés en cours, notamment l'essai britannique Recovery. Le tocilizumab est un anticorps monoclonal immunosuppresseur, qui vise à traiter la deuxième phase, hyperinflammatoire, de la maladie.  Dans le détail, l'étude américaine (près de 4000 patients en soins intensifs) indique une baisse de mortalité pour les patients ayant reçu l'injection dans les deux premiers jours après l'admission, par rapport à ceux n'en ayant pas eu (27,5% de mortalité à 30 jours contre 37,1) ; mais les groupes n'étaient pas tout à fait comparables dans la gravité de leurs symptômes. L'étude française, sur 131 patients, suggère une légère réduction du risque de ventilation assistée (mécanique ou à haut débit) ou de décès à 14 jours (24 contre 36%). Mais aucune différence de mortalité n’a été constatée à 28 jours, entre les deux groupes. Pour le Pr Olivier Hermine (hôpital Necker, Assistance Publique -Hôpitaux de Paris), premier auteur de cette étude, il faudra attendre des résultats à 90 jours pour déceler un éventuel effet sur la mortalité. « Il faut aussi trouver le bon timing: trop tôt ce n'est pas bien, car cela va empêcher de monter une réponse immune contre le virus, et trop tard cela ne sert à rien, dit-il à l'AFP. C'est vraiment dans la phase inflammatoire, pour empêcher l'hyper-inflammation » et la destruction des tissus, que le tocilizumab s'avérera peut-être utile. Quant à l'étude italienne, sur un nombre similaire de malades, aucun effet significatif n'a été observé sur la progression des symptômes.

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Michel Lemariey-Barraud

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