Selon une vaste étude américaine, la consommation d’antidépresseur pendant le premier trimestre de la grossesse serait associée à une légère augmentation du risque de prématurité mais pas à celui d’autisme, ou de trouble de l’attention.
Fin mai 2016, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) s’était penchée sur les liens éventuels existant entre consommation d’antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, Isrs et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, Irsn) pendant la grossesse et apparition de troubles neuro-développementaux chez l’enfant. En effet, certaines données épidémiologiques récentes suggèraient une augmentation du risque de troubles du spectre de l’autisme chez des enfants exposés à ces antidépresseurs in utero. Cependant, les études, dans leur ensemble, restent contradictoires sur ce sujet. L’Ansm avait cependant conclu qu’aux vues des données disponibles, elle ne pouvait éliminer ce lien. Elle avait donc renforcé sa surveillance et avait recommandé la vigilance concernant la prescription de ces traitements chez la femme enceinte. De nouvelles données viennent d’être publiées sur ce sujet dans le Journal of the American Medical Association (Jama). Elles sont en faveur de l’absence d’augmentation du risque de survenue d’autisme chez leurs enfants pour les femmes ayant consommé des antidépresseurs au premier trimestre de la grossesse. Seule une légère hausse du risque de naissance prématurée est constatée dans ce cas (odds ratio 1,3 par rapport aux femmes non exposées). Ces travaux ont été menés en collaboration avec des chercheurs de l'Institut Karolinska en Suède et de la faculté de santé publique de Harvard et ont porté sur 1,5 million de naissances en Suède entre 1996 et 2012. "A notre connaissance, cette étude est l'une des plus robustes montrant que le fait d'être traitée avec des antidépresseurs au début de la grossesse n'est pas lié à l'autisme, trouble déficit de l’attention (TDA) ou à une croissance insuffisante du fœtus et ce après avoir pris en compte les facteurs qui ont conduit à suivre un tel traitement", explique le Pr Brian D'Onofrio (université américaine d'Indiana), principal auteur de cette étude. "L'évaluation des risques et bienfaits de l'usage d'un antidépresseur pendant la grossesse est une décision extrêmement difficile pour les femmes qui doivent décider en consultant leur médecin", relève-t-il. "Mais cette étude laisse penser que le recours à ces médicaments quand une femme est enceinte pourrait être plus sûr que ce qu'on pensait", ajoute le Pr D'Onofrio. L'étude tient compte en particulier des données présentes sur les ordonnances d'antidépresseurs prescrites aux adultes, des diagnostics d'autisme et de TDA chez les enfants, de l'âge des parents et de leur niveau d'étude. « Le fait d'avoir pu comparer des frères et soeurs, entre ceux et celles qui n'avaient pas été exposés à des antidépresseurs dans le ventre de leur mère, est un point particulièrement fort de cette étude », estime le Pr D'Onofrio. Une étude canadienne, également publiée mardi dans le JAMA, parvient à la même conclusion selon laquelle les antidépresseurs au début de la grossesse n'accroissent pas le risque d'autisme et de TDA. Ces travaux ont été menés par le docteur Simone Vigod, du Women's College Hospital à Toronto, sur des données portant sur près de 36 000 naissances avec un suivi de cinq ans.
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