BILAN ET PERSPECTIVES - Les deux pathologies pulmonaires que sont l’asthme et la BPCO sont de mieux en mieux connues sur le plan physiopathologique, ce qui permet de développer des traitements de plus en plus précis et personnalisés. Le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie du CHI de Creteil (94) et président de la Fondation du souffle, fait le point. Egora- Le Panorama du Médecin : quelles ont été les nouveautés thérapeutiques qui ont marqué l'année 2018 dans l’asthme et la BPCO ? Pr Bruno Housset : Les biothérapies dans l‘asthme hyperéosinophilique constituent l’une des grandes nouveautés de cette année. Nous disposons maintenant de médicaments, certes couteux, mais efficaces dans cette pathologie : ils réduisent le recours aux corticoïdes et les exacerbations d’asthme sévère. Il s’agit d’anticorps de type anti IL5, IL4 ou IL13. L’autre événement est l’arrivée d’associations fixes de médicaments à type de trithérapies dans la BPCO, qui permettent d’améliorer l’observance thérapeutique. Deux grandes études ont mis en évidence l’efficacité de deux types d’association triple (laboratoires GSK et Chiesi) par rapport à une bithérapie. Ces trithérapies associent des corticoïdes, des bêta2 mimétiques et des anticholinergiques. Mais, revers de la médaille, il existe maintenant de nombreux produits seuls ou en association sur le marché, ce qui peut être source de confusion pour le prescripteur. Il est donc très important que le médecin généraliste soit parfaitement informé des molécules qui sont présentes dans les différents dispositifs.
Sur le plan thérapeutique, on peut déplorer l’absence de remboursement de l’acte de ré-entrainement à l’exercice. C’est un "non événement", mais regrettable. Cela fait, en effet, de nombreuses années que les pneumologues le réclament car c’est une approche parfois beaucoup plus efficace que les médicaments proposés. Par ailleurs, sur le plan des dispositifs, on dispose dorénavant de minispiromètres ultraportables qui fonctionnent en bluetooth et qui sont très faciles à utiliser sous réserve d’une formation à la réalisation d’une manœuvre d’expiration forcée. Y a-t-il eu de nouvelles recommandations ? Les associations de pneumologues et de patients ont publié un Livre Blanc intitulé "Faire de la BPCO une urgence de santé publique', pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état du diagnostic et de la prise en charge de la maladie en France. Ce document a été le point de départ d’une réelle dynamique de sensibilisation. En effet, la BPCO qui était, jusqu’à récemment, complètement absente du discours politique est maintenant citée dans le plan "Ma Santé 2022" comme une des pathologies présentant le plus d’enjeux de santé publique. Le Livre Blanc comporte neuf recommandations sur la prise en charge de la maladie, et notamment celle de faire reconnaître la BPCO comme une grande cause nationale de santé publique.
Et sur le plan international, les nouvelles recommandations de la Global Initiative For Chronic Lung Disease (Gold) viennent d’être publiées. Elles risquent de donner lieu à discussion. En effet, un des éléments nouveaux de ce texte est de préconiser la prise en compte de l’éosinophilie pour la prescription de corticoïdes inhalés. Cette année a aussi été marquée par la volonté de communiquer sur le fait que la BPCO prend ses racines dans l’enfance. En effet, plusieurs études ont mis en évidence que l’exposition au tabagisme passif pendant l’enfance, et même in utero, augmentait le risque de développer une BPCO. Il semble aussi que des maladies comme l’asthme sévère chez l’enfant, mais aussi des bronchites à répétition, des bronchiolites, des rhinites allergiques, des pneumonies mais aussi des eczémas peuvent être des facteurs de risque du développement d’une BPCO à l’âge adulte. Quelles sont les nouveautés attendues pour 2019 ? Nous souhaitons décliner le Livre Blanc de la BPCO sous forme d’un plan d’actions pour améliorer la situation des patients atteints de BPCO. Sur le plan thérapeutique, on attend de nouvelles biothérapies qui peuvent agir en amont de la production de cytokines Th2. Ces nouvelles molécules pourraient avoir un intérêt majeur dans le traitement de l’asthme. Enfin, une expérimentation est actuellement en cours concernant le repérage précoce de la BPCO. Elle a eu lieu dans trois territoires français (Gironde, Essonne, Artois) et est en cours d’évaluation. Une autre approche est d’organiser ce dépistage dans les maisons de santé, qui peuvent disposer du personnel et du matériel (spirométrie) nécessaires. *Le Pr Bruno Housset déclare avoir des liens d’intérêt avec les entreprises AstraZeneca, Mundipharma, Boehringer Ingelheim, Pfizer, Chiesi, GlaxoSmithKline, Novartis, et BIF.
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