Pour sauver deux centres de santé, la ville de Paris envisage de les municipaliser
Alors que six centres de santé de la Croix-Rouge d’Île-de-France envisagent de mettre la clef sous la porte en raison de financements insuffisants, la ville de Paris pourrait municipaliser deux d’entre eux.
Face à des problèmes de financements, six centres de santé de la Croix-Rouge d’Île-de-France pourraient bien fermer définitivement pendant l’été 2024. Parmi eux, deux se situent sur le département de Paris. Le premier, dans le 13e arrondissement et le second dans le 20e. Mais une décision pourrait changer la donne pour ces deux établissements. Ce mardi 21 mai, l'exécutif a voté un texte, en Conseil de Paris, qui promet d’étudier "la possibilité d’une municipalisation des centres de santé en difficulté". "L’option 1, c’est d’avoir un repreneur associatif. En plan B, on étudie la municipalisation. Mais avant, on doit se pencher sur la question légale, il faut voir si c’est faisable, car cela implique des enjeux de ressources humaines et immobiliers", explique Anne-Claire Boux, adjointe à la mairie de Paris, en charge des questions relatives à la santé.
Pour l’heure, Paris possède dix centres de santé, la mairie prévoit d’en ouvrir sept de plus. Parmi eux pourraient figurer les deux établissements de la Croix-Rouge.
Qu’en est-il des autres centres de santé d’Île-de-France ? "Toutes les collectivités territoriales concernées n’ont pas l'ingénierie pour faire de même", avait reconnu Anne Souyris, sénatrice et prédécesseure d’Anne-Claire Boux à la mairie de Paris, lors d’une question au Gouvernement en février dernier. "Je pense que le ministre est conscient du problème et qu’il attend sûrement un arbitrage. En tout cas, on ne peut pas continuer à financer des centres de santé à but lucratif qui s’adressent uniquement aux personnes qui en ont les moyens. Il y a une équation qui ne se fait plus", poursuit-elle.
20% de public vulnérable
Les établissements franciliens de la Croix-Rouge accueillent plus de 40 000 patients. Pour Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé, environ 20% du public de ces établissements est vulnérable, contre 9% pour les maisons de santé, confie-t-elle en s’appuyant sur des chiffres de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam). Ces patients "sont en moins bonne santé. On a plus de patients qui ont l’aide médicale d’Etat, et ce sont des patients qui ont besoin de plus de temps, de soin", ajoute Anne-Claire Boux.
Les problèmes financiers de ces centres de santé viendraient d’un "sous-financement relevant d’un choix politique pour des établissements qui ont pourtant une forte utilité au niveau de l’offre de soins du territoire", mentionne une pétition lancée par Renaud Mandel, représentant syndicat CGT et salarié de la Croix-Rouge, qui récolte plus de 5 500 signatures.
"Le centre de santé [du 20e arrondissement de Paris, NDLR] avait un important montant de créances non recouvrées et on a fini par perdre de l’argent", indique le représentant syndical CGT. Il y avait "pas mal d’instabilité au niveau du management qui conduisait à l’absence de stratégie globale", ajoute-t-il.
Un déficit mensuel financier de 357 000 euros
"Concrètement, les pertes engendrées par les six centres de santé sont estimées à près de 4,3 millions d’euros au budget 2024, soit un déficit mensuel à financer de 357 468 euros. Les pertes cumulées liées aux centres de santé se chiffrent à plus de 48 millions d’euros à fin 2023", précise l’association à nos confrères de 20 minutes. Même si elle assure néanmoins avoir "déployé des efforts considérables pour surmonter les défis financiers et opérationnels".
En signe de mobilisation, la députée LFI Danielle Simonnet avait organisé le 6 mai dernier, une marche contre la fermeture du centre de santé du 20e arrondissement de Paris.
[Avec 20 minutes]
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