“Les médecins généralistes sont indispensables pour la gestion de soins non programmés, le suivi de pathologies chroniques, la prévention, le dépistage, la coordination… Malheureusement, ils sont aussi incontournables pour des actes inutiles, stupides ou insultants, dont nous présentons ici un échantillon quotidien, dans leur plus simple réalité”, écrivent conjointement 200 médecins, dans une tribune parue le 5 janvier, dans l’Express. C’est ainsi que les praticiens ont décidé de lister les sept actes les plus aberrants, qui leur font perdre du temps médical. Ils s’attaquent d’abord aux certificats d'absence d’enfant malade. “Comme l’employeur (ainsi que la cantine scolaire et la crèche) n’ont pas confiance dans les dires du parent, il faut qu’un médecin écrive ces dires sur un papier”, raillent-ils. Ils visent ensuite les certificats d’arrêts de travail courts, pour les employés qui présentent des symptômes de la grippe, de la gastro, etc. “Il faut consulter un médecin rapidement pour qu’il écrive sur un papier ce que le patient lui dit (comme pour les enfants malades, la plupart de ces symptômes ne s’accompagnent d’aucun signe physique)…”, s’agacent-ils. D’autant que, rappellent les signataires, pendant la pandémie, les patients pouvaient s'auto-déclarer sur Ameli et qu’ils l’ont fait “avec parcimonie”.
Les médecins ciblent ensuite trois types de prescriptions chronophages et inutiles, à commencer par les prescriptions médicales de transport. “Comme l’Assurance Maladie n’a pas confiance dans ces professionnels de santé, il faut leur fournir un papier pour confirmer le bien-fondé médical d’un transport dans un centre de soins”, poursuivent-ils ironiquement. Outre le transport, ils pointent du doigt les prescriptions de lit médicalisé et les prescriptions de soins infirmiers. “Un service d’aide à domicile réalise une toilette quotidienne auprès d’un patient depuis 8 ans, une infirmière suit tous les jours un patient souffrant de diabète depuis 15 ans… Comme l’Assurance Maladie n’a pas non plus confiance dans ces professionnels de santé, il faut lui fournir tous les 6 ou 12 mois un papier d’un médecin généraliste pour poursuivre ces soins”, soulignent-ils. Enfin, ces médecins appellent à supprimer les certificats de sport “injustifiés”, rappelant au passage qu’il est difficile de tester les capacités d’un patient à nager 50 mètres en consultation ainsi que les certificats des assureurs privés. “Il faut qu’un médecin généraliste lui révèle (illégalement) tous les antécédents du patient avant de rendre l’argent prévu dans le contrat”, dénoncent les signataires. Dans leur texte, les médecins rappellent que beaucoup d’autres points "mériteraient d’être améliorés”, appelant urgemment à une simplification administrative. Selon eux, les différentes branches de l’Assurance maladie qui coexistent n’ont pas lieu d’être : ils préféreraient un seul régime national. Ils ont par ailleurs dans leur viseur “les mutuelles et assurances” qui “parasitent ce système en intervenant pour des soins brefs, peu coûteux, chez des patients à revenus suffisants”. Ces médecins proposent que leur “créneau dans la santé” se limite “à la prévoyance et non aux soins du quotidien”. “Dans un contexte de démographie médicale en berne, il est temps de repenser le rôle des médecins généralistes. Nous n’avons pas vocation à être "contrôleurs" ou "assureurs" pour l’Assurance Maladie, pour des assurances privées ou pour des employeurs publics ou privés”, concluent-ils enfin.
[avec l’Express]
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