Faire payer une partie des arrêts de travail par les entreprises : le plan contesté du gouvernement

21/08/2018 Par Catherine le Borgne
Economie
Faire payer une partie des indemnités journalières de courte durée par les entreprises ? Le gouvernement travaillerait sur cette option, dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2019. Le Dr Marcel Garrigou Grandchamp, membre de la FMF, conteste ce type de solutions qu'il qualifie de " simplistes, irréfléchies, irresponsables et totalement contre-productives" et prône une meilleure collaboration entre les médecins traitants, du travail et de la Sécurité sociale.

D'après Les Echos, le gouvernement chercherait à faire baisser le coût des indemnités journalières de courte durée, en associant les entreprises à leur financement. Leur coût a augmenté de 4,2 % par an depuis 2014 et de 1,3 milliard depuis 2010. Alors que les ministres travaillent à la construction du prochain budget de la Sécurité sociale, où cette disposition figurerait à l'automne, le patronat fait front. Ses membres ont rédigé un courrier commun signé par le Medef, la CPME (petites et moyennes entreprises) et l'Union des entreprises de proximité (U2P) pour s'indigner d'une facture qui pourrait monter, pour les entreprises, jusqu'à 900 millions d'euros par an, si elles devaient financer les IJ consécutives à des arrêts d'une semaine maximum (soit, selon Le Monde, les arrêts courants entre le 4ème au 7ème jour d'absence). Pour la FMF, le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp critique une mesure "simpliste, irréfléchie, irresponsable et totalement contre-productive". Le responsable de la cellule juridique de la FMF rappelle que  "les IJ sont la patate chaude que les ministères se refilent !". Or, pour connaître la raison d'une explosion que le responsable syndical ne conteste pas, "peut être aurait-il fallu interroger les acteurs de terrain : les médecins et notamment les généralistes, mais aussi les urgentistes, les psychiatres, les médecins du travail… ainsi que les syndicats de travailleurs ?". Les IJ augmentent, et "comment pourrait-il en être autrement, écrit-il, alors que l’âge minimal de départ à la retraite a été repoussé à 62 ans pour tous sans tenir compte de la carrière professionnelle ? Une quarantaine d’années d’un travail derrière un bureau ou dans le BTP ce n’est pas la même chose pour "l’usure" d’un organisme ! Et nous le voyons bien en MG où ces travailleurs sont perclus de troubles musculo-squelettiques après 50 ans". Jusqu'ici, rappelle le généraliste lyonnais, toute la pression des caisses a été uniquement portée par les prescripteurs à coups de "mises sous objectifs" (MSO) et autres "mises sous accord préalable" (MSAP) ! "La CPAM du Rhône a tenté de comprendre en testant une procédure autant originale qu’exemplaire : les médecins dont les IJ progressaient fortement ont été invités à venir présenter leur activité en réunion rassemblant des administratifs de la CPAM et des médecins issus de la commission paritaire locale (CPL). Toutes les causes ont pu être explicitées : démographie inquiétante en secteur libéral mais aussi au niveau des médecins du travail et des médecins conseils de l’assurance maladie, retards administratifs, travailleurs âgés de plus de 62 ans, 'épidémies' de troubles musculo-squelettiques, de lombalgies, de troubles neuro-psychologiques, de cancers…" L'auteur du communiqué estime que face à la problématique des IJ "il y a un trinôme composé du médecin traitant, du médecin du travail et du médecin conseil de l’assurance maladie mais ils ont, pour des raisons techniques et légales, le plus grand mal à communiquer entre eux". Sans doute faudrait-il rapidement mettre en place un système le permettant, "au lieu de lancer, tel un pavé dans la marre, des idées simplistes, irréfléchies, irresponsables et totalement contre-productives" plaide le Dr Garrigou-Grandchamp. [Avec Le Monde et Les Echos]

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Michel Lemariey-Barraud

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