"Il y a une continuité de la croissance assez forte, voire accélérée, du nombre de centres de santé en France." C’est par ces mots que Frédéric Villebrun, médecin généraliste et président de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) a lancé la conférence de presse, le 29 septembre dernier, en amont du 62e congrès des centres de santé les 5 et 6 octobre prochains à Paris. "Selon les chiffres 2022 de l’Observatoire des centres de santé, il y a 2.800 centres de santé, dont 600 pluriprofessionnels, dans l’Hexagone. Cela représente près de 50.000 salariés, dont 8.000 médecins. Il y a quasiment autant de médecins généralistes que spécialistes." Des chiffres "officiels" qui, pour Alain Beaupin, président de l'Institut Jean-François Rey (IJFR) "ne permettent pas de précisément caractériser les centres pluripro. Tout dépend de là où nous mettons le curseur : 600 est une estimation très robuste." Cette année, le congrès s’ouvrira sur "une démarche assez globale, à la fois sur la promotion des valeurs des centres de santé et du service public en santé, mais également sur des focus sur certaines thématiques", indique Frédéric Villebrun. "Nos valeurs sont fortes et s’appliquent à favoriser l’accès aux soins. Nous pensons qu’il faut un accès équitable sur tout le territoire et cela ne peut passer que par une organisation un peu plus cohérente au niveau local et l’accès pour tous les usagers à un réseau de centres de santé", a commenté Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS). "Nous venons de commencer un circuit d’avenant conventionnel (avenant 5). Nous travaillons à promouvoir une certaine équité sur certains sujets, notamment les incitations démographiques, révèle la co-présidente de la CPTS Nanterre. Nous n’avons pas les mêmes aides à l’installation d’un centre de santé qu’une maison de santé ou un cabinet libéral. Nous travaillons à essayer d’avoir cette équité de traitement qui n’est pas aboutie jusqu’ici. Pour l’instant, nous considérons que nous avons une écoute attentive de l’Assurance maladie. Mais nous n’avons eu qu’une séance, la prochaine est prévue dans une dizaine de jours." Demandez le programme "Aller vers… les centres de santé" : le titre de ce 62ᵉ congrès n’a pas été choisi au hasard. "Nous souhaitions élargir la cible des centres de santé. Le "aller vers" est le terme à la mode en ce moment. C’est un mot qui tend à malheureusement être un mot-valise actuellement. Nous nous sommes dit "pourquoi ne pas aller vers les centres de santé ?" Ces derniers sont une organisation innovante et d’avenir, insiste Frédéric Villebrun. Nous souhaiterions avoir enfin une vraie volonté politique visant à soutenir un système de santé, qui intègre réellement les centres de santé. On ne considère pas encore suffisamment les centres de santé comme un élément essentiel du tissu du système de santé, notamment ambulatoire, en France. Avec ce titre, nous souhaitons vraiment nous diriger vers un maillage territorial de centres de santé publique ou à vocation de service public. Nous prônons les centres de santé pluriprofessionnels et qui permettent de prôner la santé publique et la prévention."
Problématique de la création d’un service public de proximité - avec Marguerite Cazeneuve (Cnam), Julie Chastang (médecin généraliste et maîtresse de conférences des universités), François Crémieux (AP-HM), Sidi-Mohammed Ghadi (France Assos Santé) et Rémi Salomon (Conférence des PCME de CHU) -, Sécurité sociale à 100%, enjeux de la coordination en centre de santé, modèles économiques des centres de santé... "L’ensemble des fédérations et l’IJFR ont financé une étude sur le modèle économique des centres de santé dont les résultats montrent que quelles que soient les bonnes pratiques de gestion, il est impossible d’être à l’équilibre dans le modèle actuel de tarification à l’acte, commente Hélène Colombani. On ne prend pas en compte les coûts de structure, le tiers-payant (obligatoire pour les CDS), la prévention, le public plus défavorisé (20% en CDS contre 8% en libéral) … Tout ça génère des dépenses supplémentaires, comme l'interprétariat ou la médiation, qui ne sont pas comptabilisées. Nous aimerions avancer et sortir de la tarification à l’acte." Alain Beaupin a rappelé, de son côté, qu’une mission Igas lancée par François Braun et Agnès Firmin-Le Bodo devrait bientôt rendre ses conclusions sur ce modèle. "Ce modèle, hérité du modèle conventionnel français des années 60, doit être transformé. Les inspecteurs ont compris que cela n’allait pas. Ils savent que dans le meilleur des cas, les centres de santé sont structurellement déficitaires. D’après une étude réalisée avec le regroupement national des Organisations gestionnaires de centres de santé (RNOGCS) et l’IJFR, le déficit est en moyenne de -18%. Les inspecteurs de l’Igas ont dit qu’ils allaient regarder cela, qu’ils allaient réfléchir sans rien s’interdire, quitte à renverser la table." "Il a des sujets très divers, comme la gouvernance collaborative, un sujet très important et assez nouveau dans le congrès", dévoile Frédéric Villebrun. On va aussi parler de la visite à domicile, le parent pauvre des soins primaires, ou encore, du premier bilan de la formation Pacte". Des sessions à destination des professionnels de santé sont également prévues et porteront notamment sur la santé sexuelle. Des ateliers dentaires et un atelier SOS contrats de travail en centre de santé (statuts, droits, rémunération…) sont aussi programmés, comme les nouveaux métiers et leurs évolutions. Si la venue du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, prévue le 5 octobre à 9h, pourrait être déplacée au vendredi matin et assurée par Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, "pour l’heure, nous n’avons pas eu de confirmation, confie le président de l’USMCS. Cela risque d’entraîner un petit décalage au niveau des tables rondes d’ouverture." Article initialement publié sur le concourspluripro.fr.
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