Patiente décédée sur un brancard aux urgences de Lariboisière : bientôt un procès contre l'AP-HP
Souffrant de céphalées et de douleurs aux mollets, Micheline Myrtil, née 1963, avait été déposée aux urgences de Lariboisière par les pompiers le 17 décembre 2018 en fin d'après-midi, puis reçue et orientée vers une salle d'attente. Selon la magistrate, elle a ensuite passé "cinq heures sans prise en charge quelconque", un délai qu'avait contesté l'AP-HP. Appelée vers minuit sous une mauvaise identité ("Myatil" au lieu de "Myrtil"), la patiente n'a jamais répondu, puis a été considérée comme partie. Elle se trouvait en réalité sur un brancard, "sans surveillance" entre 01h00 et 06h00 du matin, heure à laquelle elle a été retrouvée morte. "Si cette succession de dysfonctionnements n'a pas directement causé la mort de la patiente, elle n'a pas empêché le décès et y a contribué", affirme le ministère public. Le 22 décembre dernier, une magistrate du parquet de Paris a donc demandé dans un réquisitoire consulté par le renvoi en correctionnelle de l'AP-HP pour le décès de Micheline Myrtil, "survenu dans un contexte de défaut caractérisé de surveillance médicale et infirmière, dans un service dont il était connu que les locaux et les effectifs soignants étaient insuffisants par rapport aux besoins". Un premier rapport d'autopsie avait établi que la patiente était morte "d'une défaillance respiratoire aiguë secondaire à un oedème pulmonaire". Au cours de l'enquête judiciaire, les praticiens de l'hôpital ont collectivement mis en cause un manque d'effectifs et de moyens, dénoncé de longue date.
En audition, le médecin urgentiste qui aurait dû traiter Myriam Myrtil la nuit de son décès a ainsi pointé un système d'urgences dépassé par l'afflux de patients et des moyens insuffisants et des locaux compliquant la prise en charge. "Je ne savais même pas que cette patiente existait avant d'apprendre son décès", concèdera-t-il tragiquement. Deux DRH de l'hôpital ont assuré au contraire que le personnel était suffisant aux urgences pour accueillir l'afflux de patients, tout comme la directrice des affaires juridiques, lors de la mise en examen de l'AP-HP. "L'AP-HP ne commente pas une procédure judiciaire en cours", a fait savoir le centre hospitalier dans un courriel. Son avocat, également contacté par l'AFP, n'a pas réagi. La famille Myrtil, qui avait rapidement dénoncé une prise en charge défaillante, s'est dite mercredi "satisfaite" de ces réquisitions face à ces "graves dysfonctionnements touchant le service des urgences de cet hôpital", selon son avocat Eddy Arneton. La famille "reste vigilante", "elle attend fermement que justice soit rendue" car "on meurt dans les hôpitaux en France", a-t-il ajouté. [Avec AFP]
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