"Les équipes ne veulent pas avoir à choisir quel malade ira en réanimation" : les chefs de service de l'AP-HM répondent aux critiques du Pr Raoult
Accusés par leur confrère de l'IHU Méditerranée d'être en partie responsables des mesures restrictives prises à Marseille contre le Covid du fait de leurs "messages alarmistes", ces médecins mettent en avant les chiffres qui montrent que le CHU est proche de la saturation. Alors que les propriétaires de bars et de restaurants de la cité phocéenne, fermés depuis lundi et jusqu'à nouvel ordre, crient à la "dictature sanitaire", plusieurs chefs de service de l'AP-HM sont sortis de leur réserve afin d'expliquer pourquoi il était impératif prendre des mesures drastiques face à l'épidémie de Covid. "La courbe d'occupation des lits est ascendante depuis plus de cinq semaines", rappellent-ils dans une tribune publiée par La Provence lundi. "Aujourd’hui, malgré l’excellente coordination des services de réanimation et notamment malgré des transferts vers les réanimations des établissements privés et publics de notre territoire, plus de 40% des lits de réanimation de l’AP-HM sont occupés par des patients Covid." Des lits qui ne sont donc "plus disponibles pour accueillir des patients atteints d’autres affections graves telles que des polytraumatismes, des cancers ou des greffes", soulignent le président de la CME, le Pr Dominique Rossi, et les chefs de service de réanimation, des urgences, de pneumologie ou encore d'immunologie.
"La tension sur les lits de réanimation nous a déjà contraints à des reports d’interventions chirurgicales et de nouvelles déprogrammations de patients non-COVID sont déjà prévues la semaine prochaine", ajoutent-ils. "Malgré tous nos efforts et nos demandes, nous ne trouvons pas les effectifs médicaux et paramédicaux à embaucher pour augmenter notre capacité globale d'hospitalisation. Il faut donc impérativement que le flux des hospitalisations COVID du département ralentisse très rapidement afin que nous puissions prodiguer des soins de qualité à tous les malades", insistent-ils. Pour ces médecins, le pire serait d'avoir "à choisir quel malade ira ou non en réanimation". Un dilemme qui ne risque pas de se poser au Pr Raoult puisque...
l'IHU Méditerranée ne dispose d'"aucune structure de réanimation" et ne traite qu'une "partie des malades du Covid", ceux "dont l’état ne nécessite pas les prises en charge les plus lourdes", tiennent à rappeler ces médecins. L'IHU, partie intégrante du pôle maladies infectieuses de l'AH-HM, aurait d'ailleurs été "rapidement dépassé dans ses capacités d'hospitalisation conventionnelle" (75 lits), comme lors de la première vague, soulignent-ils.
"Parfaitement conscients des conséquences terribles de cette crise sanitaire sur de nombreux secteurs de notre économie", les chefs de service affirment rester dans leur "rôle de médecin", qui n'est pas d'être "alarmiste" : " les Politiques décident et nous prenons en charge les patients". [avec LaProvence.com]
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