Majoration des heures de nuit, prime de soins critiques… Nouveau coup de pouce du Gouvernement pour l’hôpital
400 millions d’euros. C’est le montant de la nouvelle enveloppe que vient de mettre sur la table le ministre de la Santé, François Braun, pour venir en aide aux services hospitaliers en tension. En première ligne notamment, les services pédiatriques, qui souffrent d’un manque criant de personnel et font face à une épidémie précoce de bronchiolite. Le ministre a annoncé ce "nouvel effort massif" hier, après avoir rencontré les représentants du secteur de la pédiatrie. Le matin même, une délégation de pédiatres avait été reçue à l’Elysée. Cette nouvelle enveloppe comprend les 150 millions d’euros déjà annoncés fin octobre par le ministre pour soutenir "les services en tension". Cette première aide avait été débloquée deux jours après la publication d’une tribune de milliers de soignants en pédiatrie adressée au Président de la République, et publiée dans Le Parisien, alertant sur "la dégradation criante des soins apportés aux enfants [les mettant] quotidiennement en danger". Mais ces 150 millions n’avaient pas convaincu…
Majoration des heures de nuit, reconnaissance de la spécificité des soins critiques : face aux difficultés rencontrées par la pédiatrie et les autres services hospitaliers, nous annonçons aujourd’hui un nouvel effort massif pour soutenir nos professionnels de santé. pic.twitter.com/vsXuei3HHi
— François Braun (@FrcsBraun) November 2, 2022
Outre l’épidémie de bronchiolite, les représentants de la pédiatrie alertent depuis plusieurs semaines sur des problèmes structurels profonds, notamment un manque de moyens financiers et humains dans les services. Les soignants "ont été dégoûtés et sont partis", déplore Isabelle Melki, pédiatre à l'hôpital Robert-Debré (AP-HP) qui "n'a jamais vu cela en 15 ans". Plusieurs services ont été contraints de baisser le rideau, d’autres fonctionnent en mode dégradé. Selon François Braun, 31 transferts en réanimation pédiatrique ont été effectués de l’Ile-de-France vers d'autres régions début novembre.
"Des dizaines d'enfants sont hospitalisés dans des box d'urgences, sont transférés à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux, les soignants rentrent tous les jours en ayant l'impression d'avoir mal fait leur travail", explique la Dre Mélodie Aubart, neuropédiatre à l'hôpital Necker-Enfants malades. Des difficultés pour assurer le suivi des enfants atteints de maladies chroniques sont également rapportées : soins annulés, chirurgies déprogrammées… Et "mettent en jeu le pronostic et la qualité de vie des patients". Les 400 millions d’euros annoncés par François Braun permettront le doublement de la rémunération des heures de nuit "pour l’ensemble des personnels de l’hôpital" jusqu’au 31 mars, afin de "reconnaître l’engagement des professionnels" et la "pénibilité du travail de nuit". Tous les soignants des services de soins critiques pourront bénéficier d’une prime de soins critiques – mise en place durant le Covid. Les puéricultrices, qui étaient exclues de ce dispositif, pourront ainsi en bénéficier. Pour soutenir le système de santé, François Braun a par ailleurs annoncé la prolongation des mesures flash mises en place durant l’été, à l’instar des aides à destination de la médecine de ville et la régulation médicale. Ces solutions seront rediscutées dans le cadre des travaux menés par le Conseil national de la refondation, et des Assises nationales de la pédiatrie, qui doit se tenir au printemps 2023. Mais, alerte la Fédération hospitalière de France dans un communiqué, il reste à préciser le financement de ces mesures, car l’enveloppe de 400 millions d’euros ne figure pas dans l’Ondam rectificatif 2022. "Il faut l’intégrer au PLFSS par voie d’amendement.""Nous saluons ces avancées", ont réagi les responsables du Collectif pédiatrie. "Mais il s'agit de mesures d'urgence et non structurelles" qui "n'empêcheront pas la fuite des soignants", s'inquiète toutefois la Dre Mélodie Aubart. "Nous attendons encore une reconnaissance de la responsabilité de l'Etat dans la crise que nous traversons." La FHF souhaite elle aussi que ces annonces s’inscrivent dans une stratégie "plus systémique et pérenne". "Ces annonces ne couvrent que le très court-terme : il faut que nous puissions procéder à un choc d’attractivité plus pérenne et que nous sortions de la politique de la rallonge permanente. On ne soignera pas l’hôpital avec une addition infinie de mesures de sauvetage", a réagi le nouveau président de la FHF, Arnaud Robinet. [avec AFP]
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