Encadrement de l'intérim : l’Amuf dénonce "une chasse aux médecins"

13/03/2023 Par Louise Claereboudt
L’association des médecins urgentistes de France (Amuf) alerte sur le délitement de l’hôpital public, à moins de deux semaines de la parution des décrets d'application de la loi Rist portant sur le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires. 
 

"Serait-ce voulu ou juste une bêtise ?", s’interroge l’association des médecins urgentistes de France (Amuf), en introduction d’un communiqué diffusé ce lundi 13 mars. Le sujet de son inquiétude et de sa colère ? L’encadrement de l’intérim médical, qui devrait intervenir le 3 avril. François Braun s'est en effet "engagé à ce que les décrets d'application de l'article portant sur l'intérim médical de la loi Rist de 2021 entrent en vigueur dès le début du mois d'avril". Cette publication permettra au comptable public de bloquer le paiement des vacations supérieures au plafond de 1170 euros pour 24 heures, théoriquement en vigueur depuis le 1er janvier 2020, mais jamais véritablement appliqué. 

À travers ce qui est présenté par l’exécutif comme un plan de lutte contre les dérives de l'intérim médical, l’Amuf considère que le Gouvernement "est en train de couler l’hôpital public" – déjà secoué par les fermetures de services en série et "la fin des Smur". "Au lieu de rendre attractif le statut de médecin hospitalier ils ont préféré casser l’intérim en croyant que les médecins allaient préférer l’hôpital. C’est faux car il n’est plus attractif par rapport au privé !", lance l’association, qui démontre ainsi "l’échec" du Ségur, et craint une "paramédicalisation" du système. 

L’association dénonce par ailleurs "une chasse aux médecins qui a commencé dans le pays" : "Il y a bel et bien une ambiguïté à avoir cassé ce dumping financier pour les seuls médecins et pas les autres personnels des hôpitaux." Elle accuse l’Etat de vouloir "continuer les fermetures au mépris des malades". "Le but est atteint : des centaines de lignes de gardes vont être fermées dans quelques jours et ainsi il va être facile de fermer des centaines de structures", assure l’association présidée par Patrick Pelloux. De nombreux établissements ont d’ores et déjà alerté les élus sur leurs difficultés à boucler les plannings, faute d’intérimaires acceptant les nouveaux tarifs. 

Interpellé par la sénatrice socialiste Annie Le Houerou début mars, François Braun a assuré "qu'aucun territoire ne sera laissé sans solution". L’Amuf dénonce là une "belle hypocrisie" et une inversion de la responsabilité : "Ce n’est pas la faute des gouvernants mais des médecins ! Belle hypocrisie : des années à ne pas former des médecins avec l’accord des Doyens et à développer l’ubérisation de la médecine". 

"Si l’encadrement des abus de l’intérim avait été accompagné de la valorisation des gardes des praticiens hospitaliers à égalité avec celle des universitaires, si les quatre échelons de PH, qui ont disparu avec le Ségur, avaient été repris, si la défiscalisation des gardes de nuit, comme l’a obtenu le monde libéral depuis 2008, avait été donnée aux médecins hospitaliers, alors il y aurait eu une cohérence à cette réforme", conclut l’Amuf. 

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