Alors que les établissements de santé français déclenchent les uns après les autres leurs plans blancs pour faire face à la 5e vague de l’épidémie de Covid-19, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a dévoilé ce jeudi les résultats de son enquête sur les ressources humaines en octobre et novembre 2021 dans les hôpitaux – soit juste avant cette 5e vague, commandée par Olivier Véran. Sur un panel de 2300 établissements de santé (public, privé non lucratif, privé lucratif) sollicités, 1100 ont répondu à l’enquête du ministère de la Santé. Mais ces derniers représentent tout de même "deux tiers des lits et des personnels" soignants de l’ensemble des structures françaises. L’étude portait sur deux volets : l’absentéisme en octobre et novembre, et la capacité en lits. Premier enseignement de cette enquête flash : "l’absentéisme est un peu supérieur à la normale", par rapport à 2019, constate le ministère. Il est en hausse de +1 point en moyenne dans toutes les catégories (entre 1 et 5% d’absentéisme chez les médecins, entre 5 et 10% chez les sages-femmes, environ 10% chez les infirmières, et entre 10 et 15% pour les aides-soignantes). "Cela ne veut pas dire que ces personnels sont partis de l’établissement, explique le ministère de la Santé. Ils peuvent être en arrêt maladie, en congés, ou autre." Mais, tout de même, les départs sont majoritairement le fait de démissions (54%) et de mise en disponibilité ou congé longue durée (38%). Les équipes des établissements de santé sont également plus "instables", montre l’enquête, avec un important turn-over. "On a à la fois beaucoup de mouvements d’entrées (recrutement) et aussi de sorties (démissions." Chez les paramédicaux, le solde est même négatif, c’est-à-dire qu’il y a eu davantage de sorties que d’entrées de ces personnels dans les hôpitaux. Mais "dans des proportions relativement faibles", relativise la DGOS.
Sur les mois d’octobre – particulièrement – et de novembre 2021, on dénombre -784 infirmières dans les établissements de santé, sur 200 à 250.000 infirmières comprises dans le panel de l’étude. "L’ordre de grandeur est" donc "relativement faible", aux yeux du ministère, "mais cela témoigne des tensions sur le métier d’infirmier". Chez les médecins (+28 sur le panel) et aides-soignants (+363 sur le panel), en octobre, le solde est "positif" grâce à de nombreux recrutements. Le ministère de la Santé conclut donc à une relative "stabilité des effectifs", dans un contexte de mise en place de l’obligation vaccinale pour les soignants. "Rien ne permet de confirmer une quelconque hémorragie", ajoute le ministère, alors que de nombreux directeurs d’hôpitaux alertent depuis plusieurs semaines, voire mois, sur la fuite des personnels. Mais 1 point de personnel en moins "produit des impacts et se ressent sur la charge de travail des soignants", admet toutefois la DGOS. Sur Twitter, le syndicat national des infirmiers salariés SNPI a dénoncé une "enquête bidon". "La réalité dans les hôpitaux, c’est 60.000 postes infirmiers vacants (dont 1200 sur la seule APHP) entraînant la fermeture de 15% des lits", a avancé l’organisation. Selon le ministère, la réalité est plus complexe. "Même certains CHU ne savent pas évaluer finement leur nombre de postes vacants car ils n’ont pas la base de départ pour avoir le nombre de postes théoriques", précise-t-il. Guerre des chiffres sur la fermeture des lits L’enquête portait également sur le nombre de lits ouverts et armés en personnels dans les établissements de santé français. Sur les structures du panel, par rapport à 2019 – soit juste avant l’épidémie de Covid-19 –, le ministère de la Santé observe une baisse de 2%. Cette baisse atteint -7% en chirurgie, précise-t-il, moins en SSR, psychiatrie, ainsi qu’en médecine avec -2% (soit -1800 lits en médecine). Des chiffres bien plus rassurants que ceux d’autres institutions qui ont alerté les autorités en octobre sur la fermeture des lits : 20% selon le Conseil scientifique, 6% selon la Fédération hospitalière de France, et 13% selon Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Une différence qui étonne mais qui, pour le ministère, s’explique par la difficulté de dénombrer le nombre "réel" de fermetures, chacun ayant une définition plus ou moins différente de lits disponibles" ("nombre idéal", "théoriques", etc.). Le ministère se base lui sur les données théoriques de la Drees. Selon la DGOS, le Gouvernement n’a pas fixé d’objectifs chiffrés en termes de lits d’hospitalisation complète, préférant augmenter les capacités en ressources humaines. Lors du Ségur de la Santé, il avait été acté l'ouverture ou la réouverture de 4.000 lits "à la demande" dans les hôpitaux. "Entre 3000 et 3500" auraient été ouverts selon la DGOS "l’hiver dernier". Plus de 5.700 lits d'hospitalisation complète ont été fermés en 2020 dans les établissements de santé français malgré la crise sanitaire liée au Covid. Mais 1.369 places d'hospitalisation "de jour" ont été ouvertes la même année. Toutefois, en médecine, selon l’enquête de la DGOS, les places sont en hausse de 19% par rapport à 2019. Comment est-ce possible ? Cette dernière met en lumière la progression "très forte" des capacités ambulatoires (+8% en chirurgie par exemple) et un "vrai boom" de l’hospitalisation à domicile (HAD) avec +26% par rapport à 2019. "On a une accélération de ce mouvement de bascule qu’on avait déjà constaté depuis des années" avec "un nombre de places qui progresse fortement". Les chiffres peuvent varier localement, nuance cependant le ministère, de même que secteurs par secteurs. D’autant que des "capacités d’hospitalisation complète sont actuellement redéployées sur des soins critiques", précise le ministère, selon qui "1 lit de réanimation ouvert = 3,4,5 voire 6 d’hospitalisation complète en termes de ressources humaines mobilisées. Le nombre de lits de réanimation est passé de "5100 avant la crise sanitaire à 5800 lits au minimum depuis". Et, ajoute le ministère, on observe une montée en charge récente (autour de 6100). Les taux d’occupation ont également été passés au crible, activité par activité. "On a un taux d’occupation très élevé (90-95%) qui est relativement modéré", indique le ministère, qui note que "seuls" 16% des établissements de santé sondés ont un taux d’occupation supérieur à 90% en capacité de médecine. "Cela veut dire qu’en octobre, on avait encore des lits vides." En obstétrique, 6% des établissements avaient un taux d’occupation très élevé dans ce service. "On avait aussi des marges de manœuvre" en psychiatrie "au moins localement", ajoute la DGOS.
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