Médecins enseignants : les chiffres qui inquiètent
Depuis 2016, les effectifs des personnels hospitalo-universitaires n'ont augmenté que de 3%. Une hausse insuffisante pour le syndicat des HU qui dénonce, dans un récent communiqué, "le déficit chronique d'encadrement pour la formation et la recherche dans les établissements de santé". Car le nombre d'étudiants en médecine, lui, a fortement augmenté.
Au 1er janvier 2024, on comptait 6 680 personnels enseignants et hospitaliers titulaires ou stagiaires en France, toutes positions statutaires confondues (4 656 PU-PH et 2 024 MCU-PH). Cela représente une hausse de 3% depuis 2016. C'est ce que révèlent les derniers chiffres publiés par le Centre national de Gestion (CNG). "Alors que pour les PU-PH l’augmentation est progressive et constante depuis 2019, pour les MCU-PH, après une augmentation en 2020, la tendance a plutôt été légèrement à la baisse jusqu’à 2023", nuance le CNG, dans un document diffusé début juillet.
Pour le Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU), la hausse de 3% observée "masque difficilement le malaise" de la profession, et "le déficit chronique d'encadrement pour la formation et la recherche dans les établissements de santé". Ce "malaise s’exprime par une hausse considérable de mise en disponibilité (133,7%) et une cessation d’activité pour départ à la retraite plus précoce. L’activité au-delà de l’âge légal de départ à la retraite a reculé de 68,6% sur la période. L’application de la réforme des retraites avec la cotisation à l’Ircantec et la baisse de salaires ne va pas améliorer ce malaise", insiste le syndicat dans un communiqué, publié mercredi 21 août.
Fin mai, les hospitalo-universitaires s'étaient mobilisés contre la réforme de leur retraite. Craignant une baisse de leur pension et de leurs revenus, ils ont mené une grève lors des Ecos*. Une mobilisation qui ne semble toutefois par avoir fait flancher le Gouvernement concernant leur retraite ; leur affiliation à l'Ircantec doit toujours débuter le 1er septembre prochain.
Un appel à de nouvelles négociations
Le déficit chronique des effectifs des personnels HU dure pourtant "depuis près de 30 ans", indique le SHU, "puisqu'en 1996 on comptabilisait au total 7 811 hospitalo-universitaires en médecine, pharmacie et odontologie (DGRH A1 -GESUP, évolution des HU de 1996 à 2016), soit une baisse totale de 14,5%". Parallèlement, le nombre d'étudiants et d'internes à former en médecine a pratiquement triplé, avec une baisse de 2,3% des HU en médecine", avance le syndicat.
De plus, le nombre de CHU "a augmenté, de nouvelles disciplines ont été créées et des postes ont été transformés pour la médecine générale". "L’encadrement a donc considérablement diminué et risque de se poursuivre en cas d’augmentation du nombre d’étudiants à former", alerte le syndicat. Début avril, le Premier ministre Gabriel Attal avait notamment annoncé vouloir "quasi" doubler le nombre d'étudiants en médecine d'ici 2027, avec "jusqu'à 16 000" carabins formés par an. Dans ce contexte, le SHU appelle à de nouvelles "négociations" avec "le futur gouvernement" afin de "retrouver une attractivité pour les carrières HU" et "assurer une formation de qualité à la hauteur des enjeux à venir".
*Examens cliniques objectifs et structurés (Ecos).
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus