Sédatifs, camisoles et lits cage : dans cet hôpital psy, le nazisme a survécu
Un rapport révèle les maltraitances subies jusqu'en dans les années 80 par des centaines de jeunes patients dans un hôpital psychiatrique de Vienne. Cet ancien centre du programme d'euthanasie du IIIe Reich n'avait pas rompu avec "l'idéologie et le personnel" de la période nazie.
Recours abusif aux sédatifs, aux camisoles de force, aux lits cage, absence d'offre éducative: le "Pavillon 15" de l'hôpital psychiatrique pour enfants du Spiegelgrund, sur les hauteurs de la capitale autrichienne, a été le lieu d'un "système global de violences" de 1945 à 1984, selon une étude commandée par la ville de Vienne. Après des années de mise en cause des traitements de cet établissement, le rapport de 600 pages, en ligne depuis le début de la semaine, estime que ces pratiques "qui contreviennent à la dignité humaine" sont notamment dues à "une insuffisante rupture, dans le domaine idéologique et en matière de personnel, avec la période nazie". Pendant la Seconde Guerre mondiale, cet hôpital était l'un des centres actifs de leur programme d'euthanasie des handicapés et malades mentaux. Plus de 700 enfants y ont été tués sous l'effet de "traitements médicaux". Recherches sur "l'euthanasie infantile" Or le rapport basé sur plus de cent entretiens avec d'anciens patients et employés constate que "la plus grande partie du personnel" de la période nazie a continué à travailler auprès des jeunes patients dans un esprit de "continuité" avec cette époque. Sur les 600 à 700 enfants accueillis jusqu'au milieu des années 80, au moins 70 sont décédés, très majoritairement de pneumonie, dans un contexte de soins défaillants. Les cerveaux des jeunes victimes du Pavillon 15 étaient ensuite utilisés "à des fins scientifiques". Le professeur chargé de ces recherches jusqu'aux années 80 n'était autre qu'un ancien membre du parti nazi, actif dans cette clinique psychiatrique pendant la guerre. Le Dr Heinrich Gross, devenu après 1945 éminent expert auprès des tribunaux viennois, a trouvé au Pavillon 15, "le cadre institutionnel pour poursuivre ses recherches sur 'l'euthanasie infantile'", estime le rapport. Le médecin avait fait l'objet de poursuites tardives dans les années 90. Il est mort en 2005, avant son procès. [avec AFP]
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