Dans 2 départements sur 3, la baisse du nombre de généralistes est corrélée à une hausse de l'activité des services d'urgence. C'est ce que démontre l'étude dévoilée mardi par la Fédération hospitalière de France (FHF), à quelques semaines de la présentation de la réforme de la santé du Gouvernement. "Rien ne serait pire qu'une réforme qui se concentrerait sur l'hôpital", martèle le président de la fédération, Frédéric Valletoux, qui implore le Gouvernement de pas faire l'impasse sur la médecine de ville.
Services fermés la nuit faute de médecins, généralistes appelés en renfort, canicule… Depuis le début de l'année, les urgences cumulent les difficultés. "Au 1er semestre, le nombre de passages aux urgences non suivi d'hospitalisation a augmenté de 7%. C'est énorme, il faut absolument casser ça", s'est alarmé Frédéric Valletoux, lors de la conférence de rentrée de la FHF, mardi 4 septembre.
"Actes inutiles", "approche comptable"
Pour le patron des hospitaliers, la surchauffe des urgences est révélatrice d'un système de santé "à bout de souffle". Alors que le Gouvernement annonce "une réforme d'ampleur" dans les prochaines semaines, l'absence de concertation menée jusqu'ici fait craindre le pire à la FHF : que le "grand rendez-vous" promis ne soit finalement qu'une énième "réformette" faites de "colmatages techniques", qui ne s'attaquerait pas aux vrais maux dont souffre le système de santé - inégalités d'accès aux soins, "actes inutiles", "approche comptable", gouvernance centralisée et "logique bureaucratique".
Dans une dernière tentative pour infléchir le projet gouvernemental, la FHF a présenté une étude inédite mettant en évidence la corrélation entre la baisse du nombre de médecins généralistes en exercice (1) et la hausse de l'activité des services d'urgence (2) entre 2011 et 2016. La cartographie réalisée par la société Heva révèle que dans 64.6% des départements, une forte baisse (plus de 10%) du nombre de généralistes actifs à temps plein s'est accompagnée d'une forte hausse (plus de 10%) du nombre de passages aux urgences. Tandis que 34.4% des départements voient ces deux indicateurs baisser simultanément, seule la Loire-Atlantique tire son épingle du jeu : la baisse du nombre de passages aux urgences est associée à une hausse du nombre de généralistes.
Pour le représentant des hospitaliers, la démonstration est sans appel : la réforme qui s'annonce ne doit pas faire l'impasse sur la médecine de ville, dont les "dysfonctionnements pèsent sur l'Hôpital". "Rien ne serait pire qu'une réforme qui se concentrerait sur l'Hôpital", martèle Frédéric Valletoux. Et le patron de la FHF de pointer un "paradoxe" : "Il n'y jamais eu autant de médecins en France et jamais aussi peu de médecins qui soignent. Cela prouve que le système ne fonctionne pas." Face à ce problème démographique, la fédération hospitalière n'est pas à court de solutions : en finir avec le numerus clausus, rendre les carrières médicales plus attractives en favorisant notamment l'exercice ville-hôpital, revenir à la permanence des soins obligatoires… et réguler l'installation des médecins libéraux par le biais du conventionnement sélectif. Pour le président de la FHF, permettre aux médecins de continuer à s'installer dans des zones surdotées ne peut, d'ailleurs, que "favoriser les actes inutiles". "Le déconventionnement n'est pas la solution miracle, reconnaît-il. Car des territoires bien dotés, il y en a de moins en moins. Mais ce serait un marqueur politique fort." 1- Données de l'Assurance maladie 2 – Données de la Drees
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