"Je ne pourrai jamais arrêter la musique", reconnaît le Dr Sylvain Creton, 31 ans, psychiatre au pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de Rennes. Malgré un emploi du temps chargé, cette passion ne l’a presque jamais quitté jusqu’à aujourd’hui. "DJ Psychiatre", son nom d’artiste, a réussi à concilier travail et musique, pendant sa scolarité et même son travail actuel.
"J’ai toujours fait de la musique depuis très très jeune", se remémore le Dr Sylvain Creton. Tout commence pour lui avec un piano. Ses parents pianistes l'encouragent à apprendre la musique. "On avait déjà un piano à la maison, on n'avait pas d’autres instruments." Un peu contraint, Sylvain Creton se lance pendant cinq ans, avec ses deux frères, dans l'apprentissage du piano. Mais arrivé au collège, ses choix commencent à s'affirmer. "J'ai voulu me différencier de l’éducation classique que j’avais reçue pour m’intéresser à la guitare... C’est là qu’est née ma passion pour découvrir la musique”, poursuit-il. Alors il laisse de côté le piano et découvre la guitare, qu’il ne quittera plus pendant cinq ans. Il devient membre d’un groupe amateur de rock avec quatre amis du collège, et fait ses premiers concerts dans des cafés.
"Tous les mois je faisais des compilations gratuites de musique"
Vers l’âge de 16 ans, il s’ouvre à davantage de styles musicaux : la pop, le rock, la folk et finalement de plus en plus à la musique électronique. A cette période, il fait le grand saut et se lance sur internet. "J’avais un blog où je partageais les sons que je trouvais, et tous les mois je faisais des compilations de musique sur Myspace ou Soundcloud, que je donnais ensuite gratuitement", raconte-t-il. Sylvain Creton devient alors "Petite douceur" sur les réseaux. Voyant que plusieurs personnes commencent à suivre ce qu’il partage avec fidélité, il se décide à produire sa propre musique.
En terminale, plusieurs choix d’orientation s’offrent à lui. Ingénieur du son, cuisinier ou médecin ? Très bon élève et par souci de facilité de logement, il décide finalement de poursuivre ses études à la faculté de médecine. Pour sa première année, Sylvain Creton met sur pause les compilations de musique mais continue d’en écouter. "Je pense que ça m'a manqué forcément mais il faut savoir faire des concessions. C’est une année qui n’est pas simple à obtenir alors si on ne se met pas à 100% dans l’objectif de le réaliser, c'est difficile d’y arriver", estime-il avec du recul. Sans laisser complètement tomber la musique, il travaille ses cours de médecine, si bien qu'il réussit sa première année. "Dès que je suis passé en deuxième année, j’ai repris directement. Le rythme des cours était un peu plus cool", dit-il en riant.
Si en deuxième année, il choisit de reprendre ses compilations, l’idée de créer un groupe lui vient aussi à l'esprit. Mais les occasions sont rares en médecine et les rencontres plus difficiles. "C’est grâce à cela que je me suis un peu plus investi dans la musique électronique, parce que je pouvais travailler seul et depuis chez moi", affirme Sylvain Creton, qui achète alors ses premières platines et commence à mixer. Il publie des clips "artisanaux" sur YouTube, pour promouvoir des jeunes artistes amateurs. Il sort quelques EP*. Un de ses morceaux est même repris. "Une boîte qui vend des morceaux à des agences publicitaires avait repéré un de mes sons, ils souhaitaient qu'il apparaisse dans une publicité pour Windows live", explique le jeune homme. Cette publicité est diffusée exclusivement sur internet et sa communauté commence à s'agrandir.
"Promouvoir la santé mentale, c’est un sujet qui m’est cher"
Après avoir passé les épreuves des ECN, le DJ Sylvain Creton choisit la psychiatrie. Et même malgré les stages et le travail, une fois la blouse enlevée, il se met aux platines, et devient "DJ Psychiatre". "J'ai produit pas mal de morceaux sous ce pseudo. Et j’ai commencé à avoir une petite 'célébrité'. Il y a des personnes à l'international qui m'envoyaient des messages, qui s'abonnaient à ma chaîne", raconte-t-il, de manière humble. Une notoriété qu’il n’avait pas quand il s’appelait "Petite douceur". "Quitte à porter le nom DJ Psychiatre, autant qu’il serve à promouvoir la santé mentale, c’est un sujet qui m'est cher", confie le jeune médecin. Pendant l’internat, il sort aussi un EP de quatre titres et reverse le fruit des ventes à l’association France Dépression. "C’était le moyen de lier mon côté professionnel et ma passion", ajoute-t-il.
24 heures de musique live pour récolter des dons
Mais s’il aime produire sa musique, ce qu’il préfère, c’est la découvrir. Et ce qui l’intéresse particulièrement à cette époque, ce sont les vinyles. Il en achète plusieurs et les collectionne. "Je trouvais ça triste de garder des vinyles chez soi sans les jouer", se souvient-t-il. Cette période, qui coïncide avec le premier confinement, le pousse à apprendre à mixer en vinyles et à diffuser sur internet et notamment sur Twitch. Depuis un an et demi, il crée des rendez-vous avec sa communauté, chaque dimanche et mercredi sur sa chaîne. "Les gens peuvent se connecter et écouter un peu de musique. Ils peuvent aussi discuter avec moi en direct. C’est très interactif."
C’est à partir de cette chaîne Twitch que lui est venu l’idée de créer un marathon de 24 heures. "Je diffuse de la musique et en même temps je récolte des dons pour une association", explique-t-il. La première édition a eu lieu en octobre 2021 et a permis de récolter 300 euros pour l’association l’Arerp (Association rennaise d’études et de recherche en psychiatrie). "Ça m'a beaucoup plu, ça a un côté performatif avec les 24 heures, et je me suis dit que ce serait intéressant de le faire tous les ans", imagine le psychiatre.
Le 17 septembre prochain, Dr Sylvain Creton, alias DJ Psychiatre, se lancera pour 24 heures non-stop de mix sur des vinyles, tout en répondant également aux messages de ses spectateurs. L’occasion pour lui de faire vivre sa passion et de la transmettre à son public.
Le lien du marathon de 24 heures sur Twitch : http://twitch.tv/dj_psychiatre A suivre à partir de 19h ce samedi 17 septembre.
*court CD de 4 à 6 titres.
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