Le médecin traitant de la famille d'un bébé mort de faim en 2013, dont les parents ont été depuis lourdement condamnés, a plaidé jeudi 4 juin l'erreur d'appréciation devant le tribunal correctionnel de Guéret. Poursuivi pour non-assistance en danger, le médecin généraliste d’un bébé mort de faim à 22 mois, âgé de 62 ans, a plaidé l’erreur d'appréciation lors de son jugement au tribunal correctionnel de Guéret, ce 4 juin. Toujours en activité, il a affirmé qu’il n’avait “rien vu”. “L'état de Gabin ne m'inspirait pas d'inquiétude. Pendant les consultations, il était toujours propre et bien vêtu. Il était toujours dans les bras de sa mère. J'avais la famille parfaite en face de moi. Elle était très attentive à son enfant. Elle semblait s'occuper parfaitement de Gabin", a poursuivi le médecin. Alors qu’il l’a vu sept fois en consultation entre janvier 2012 et avril 2013, le médecin a assuré n'avoir "jamais constaté un quelconque signe de danger" sur l'enfant. Entre janvier et juin 2012, le bébé perd 400 grammes et le praticien admet qu'il ne "s'en est pas rendu compte”. Pourtant, d’après l’accusation, le 25 avril 2013, lors de sa dernière visite chez le médecin, "Gabin pesait 8,550 kg. Six semaines plus tard, quand il est mort" aux urgences, le 7 juin, "il ne pesait plus que 5,825 kg (...) C'est le poids qu'il faisait à trois mois".
“Je me suis fié à l'état visuel... Il est né avec un petit poids mais sa courbe suivait grossièrement la courbe de l'OMS”, s’est défendu le médecin. “Si vous aviez vu, vous auriez pu sauver cet enfant ?", lui a demandé le président pendant l’audience. "Je pense que non. Parce qu'entre la dernière consultation et la mort, sa perte de poids est énorme. Il serait décédé quand même. Les parents sont les seuls responsables dans cette histoire", a-t-il affirmé. Les parents du bébé ont été condamnés, le 15 novembre 2019, à 17 ans de réclusion criminelle. Ils étaient poursuivis pour "privation de soins et d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans" et avaient alors affirmé être accaparés par des difficultés de couple et d'argent. Depuis la mort de Gabin, le docteur assure avoir changé sa pratique : "J'essaye de m'intéresser un peu plus à la croissance. Je note tous les poids et les tailles. Je ne m'imaginais pas faire une erreur aussi grossière. Je comprends que les experts puissent être très en colère". Le jugement sera rendu le 2 juillet. [AFP]
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