Caviar, Jaguar et emplois fictifs : la direction d'un groupe de centres de santé dans le collimateur
Tout est parti d'une demande d'augmentation, fin 2022. Alors que les représentants du personnel de la Coordination des œuvres sociales et médicales (Cosem), association à but non lucratif gérant une quinzaine de centres de santé (2 millions de consultations médicales et dentaires par an, 700 praticiens) sollicitent un geste pour compenser l'inflation, la direction leur oppose un refus, arguant d'"importants soucis financiers". Interpellés par les nombreux travaux pourtant réalisés dans les centres, les élus du CSE demandent à consulter les comptes annuels. Et là, surprise, les élus découvrent d'étonnantes notes de frais, s'élevant pour la femme du directeur, "directrice esthétique et communication", à près de 95 000 euros pour la seule année 2021 : 625 euros de caviar, 14 638 euros d'additions au restaurant, 1 397 euros pour un séjour au palace niçois Le Negresco… Au total pour 3 personnes, les frais s'élèvent à plus de 285 000 euros.
Les élus du CSE découvrent également qu'une Jaguar avait été achetée par le directeur avec les fonds de l'association, alors qu'elle servirait principalement à son épouse pour ses trajets personnels. Ils soupçonnent d'ailleurs son emploi d'être fictif, tout comme celui de sa belle-fille, responsable de la communication. Ils accusent également le directeur et ses deux fils d'avoir racheté à la Cosem la société Eden, qui détient tous les actifs immobiliers, pour un montant de 26 millions d'euros… qu'ils ne devront verser que dans dix ans.
Les représentants du personnel ont effectué un signalement au parquet national financier en début de semaine. Pour l'avocat des élus du CSE, Me Jérôme Karsenti, ces faits peuvent être qualifiés d'abus de confiance, de prise illégale d'intérêt, d'escroquerie à la Sécurité sociale et de harcèlement moral.
Après avoir été alertée d'une suspicion de fraude, la CPAM a également signalé les faits à la justice. Aucune plainte n'a été déposée pour l'instant car "il n'y a pas de préjudice financier identifié à ce stade pour l'Assurance maladie", selon l'organisme. Néanmoins, "des investigations sur les remboursements effectués (...) aux centres Cosem sont en cours" et des "actions juridiques appropriées" pourraient être engagées selon l'issue des enquêtes interne et judiciaire.
[avec France info et AFP]
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