Charlatans de l'autisme : "L'Ordre engagera une action disciplinaire" contre les médecins concernés
Depuis 2012, une cinquantaine de médecins au moins auraient prescrit à des enfants autistes des anti-infectieux au long cours et/ou des chélateurs de métaux lourds, en dehors de tout cadre légal. Suite au signalement d'Olivia Cattan, présidente de SOS autisme et auteure du Livre noir de l'autisme, l'ANSM a émis la semaine dernière une mise en garde contre ces "prescriptions dangereuses" et annoncé avoir saisi le procureur de la République.
Mis en cause dans l'ouvrage d'Olivia Cattan pour son attentisme, le Cnom, contacté par Egora.fr, se défend. Trois procédures disciplinaires ont été engagées ces dernières années concernant des traitements non conventionnels de l'autisme, nous informe le Dr Bruno Boyer, président de la section santé publique du Cnom. La première a conduit à la radiation du Dr C. S., alors médecin généraliste à Paris, en 2010. Adepte des régimes sans gluten ni caséine censés guérir l'autisme, la praticienne exerce désormais depuis la Suisse et facture ses consultations téléphoniques 160 euros, d'après une enquête du Parisien.
Deuxième procédure disciplinaire : celle visant le Dr Didier Grandgeorge, pédiatre à Fréjus, qui prétend guérir l'autisme avec son traitement homéopathique. Suite à une plainte du Cnom, la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des médecins de PACA a suspendu le médecin pour un mois. "Jugeant la sanction insuffisante, le Cnom a fait appel a minima", explique le Dr Boyer.
Une autre procédure est engagée en première instance. Elle concerne cette fois "5 ou 6 médecins" mis en cause pour leurs prescriptions dans le traitement de l'autisme, précise le conseiller national.
Quant à la cinquantaine de médecins visés par la saisine de l'ANSM, qui a enquêté suite au signalement d'Olivia Cattan, le Cnom compte bien les poursuivre. "Dès le lendemain de la réception de ce rapport, nous avons demandé à l'ANSM de nous communiquer les coordonnées de ces médecins pour engager la démarche disciplinaire qui convient", affirme le Dr Boyer. Au préalable, il était nécessaire que l'ANSM, "qui dispose d'un pouvoir d'enquête - contrairement à l'Ordre", établisse "la matérialité des faits", précise le président de la section santé publique. "Ces faits semblent manifestement contraires à la déontologie médicale." Et de rappeler que les prescriptions hors AMM, pour être légales, doivent s'appuyer sur les données acquises de la science.
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