Le ministre des Solidarités Damien Abad accusé de viol par deux femmes

23/05/2022 Par Marion Jort
Faits divers / Justice

Le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad, est accusé de viol par deux femmes, révèle Mediapart. L’une d’elle assure même avoir été droguée à son insu par l’ancien président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale.    C’est une affaire qui entache les débuts du nouveau Gouvernement formé par Elisabeth Borne. Alors que se déroulait le premier Conseil des ministres depuis le remaniement ce lundi 23 mai, tous les yeux étaient braqués sur Damien Abad, nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées vendredi 20 mai.  L’ex-président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, qui s’est mis en “congé du parti” avant de prendre la tête de son ministère, fait en effet l’objet d’une accusation de viol par deux femmes. La première, ancienne militante centriste de 35 ans, a déjà porté plainte en 2012. Cette plainte a néanmoins été classée sans suite “du fait de la carence de la plaignante”, précisent nos confrères de France Info. Cinq ans plus tard, elle a déposé une deuxième plainte, qui a également été classée sans suite le 5 décembre 2017 “après une enquête préliminaire, faute d'infraction suffisamment caractérisée".  D'après la radio, la jeune femme était âgée de 22 ans quand elle a rencontré Damien Abad et était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris. Une période pendant laquelle le nouveau ministre était, lui, député européen et présidait les Jeunes Centristes-Nouveau Centre. Elle raconte à Mediapart, qui révèle l’affaire, que l’élu aurait commencé à la “draguer par SMS”. Des messages “très insistants", selon elle, tels que : "Allez, j’attends ta photo. Ton visage et ta poitrine réunis". Deux ans plus tard, en 2011, l’élu lui aurait proposé un rendez-vous le soir. Elle s’y est présentée et assure avoir subi une "relation sexuelle empreinte d'irrespect, d'injonction et d'insistance". A Mediapart, elle a raconté avoir tenté de l’éviter avec “des sous-entendus”. Puis, elle a assuré avoir subi une pénétration anale malgré son refus énoncé clairement “à plusieurs reprises”. Enfin, Damien Abad lui aurait demandé une fellation.  La deuxième femme accusant le nouveau ministre l’a rencontré lors d’un mariage, en août 2010. Elle le retrouve quelques mois après le mariage lors d’une soirée dans un bar. “Il propose du champagne, j’ai bu une coupe. Et là, black-out, jusqu’au lendemain matin. Ça ne m’était jamais arrivé, surtout pas après un seul verre”, témoigne-t-elle auprès de Mediapart. Outre ces accusations, elle affirme s’être réveillée le lendemain matin "dans une chambre d’hôtel proche du bar" avec Damien Abad, "en sous-vêtements" et "en état de choc et de dégoût profond", avec la conviction d’avoir été droguée. Quand elle a eu vent des rumeurs évoquant l’entrée possible de l’élu Les Républicains dans le nouveau Gouvernement, elle a décidé d’envoyer un courrier à l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique pour “témoigner des faits de viol concernant Damien Abad, député LR de l'Ain, pressenti pour rejoindre le gouvernement, et investi par Renaissance dans l'Ain". Dès la réception de ce courrier et à sa demande, l’Observatoire a transmis son témoignage aux directions de LREM et LR. “Nous avons transmis le signalement par mail à Stanislas Guerini, Christophe Castaner, Bérangère Couillard et Aurélien Pradié", a indiqué l'organisme à France Info. 

Mais, Mediapart affirme aujourd'hui que le signalement est resté lettre morte des deux côtés. Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, a même expliqué n’avoir “rien reçu”. Stanislas Guerini, le délégué général de La République en marche prétend, lui, avoir pris connaissance du courriel le samedi dans la matinée, après avoir été interrogé par Mediapart. Chez LR, Aurélien Pradié assure qu’il n’a “pas consulté la boîte mail sur laquelle cette alerte lui a été adressée".    Damien Abad réfute les accusations   Discret depuis sa nomination, Damien Abad a fait savoir par voie de communiqué qu’il contestait “avec la plus grande force” les accusations de violences sexuelles le visant. “Les relations sexuelles que j’ai pu avoir ont toujours reposé sur le principe du consentement mutuel” a également dû préciser le ministre avant d’ajouter : "Je conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme. Je conteste enfin tout abus de pouvoir lié aux fonctions que j'ai occupées." Souffrant d’un handicap et atteint d’une maladie rare (l'arthrogrypose), il écrit : "J'ai toujours été discret sur ce handicap, sur les contraintes qu'il m'impose, sur la façon dont il limite mes mouvements et mes gestes du quotidien" avant de rentrer dans des détails plus intimes. “Dans ma situation, l'acte sexuel ne peut survenir qu'avec l'assistance et la bienveillance de ma partenaire." Dimanche, Libération a pourtant révélé que chez les Républicains, des “rumeurs” circulaient à propos de certains agissements de Damien Abad. "Abad, faites attention, parce que chez nous il y a beaucoup de rumeurs qui circulent...", confie par exemple un député souhaitant rester anonyme. Un autre député LR, Pierre-Henri Dumont, élu dans le Pas-de-Calais dresse notamment le portrait d'un ministre "rompu à la drague lourde par message", allant jusqu'à s'en prendre, un soir, à une femme "non députée" par des "réflexions très vulgaires". Enfin, Aurélien Pradié assure avoir déjà "coincé" Damien Abad en 2020 à l'Assemblée nationale. Il lui a notamment reproché des "comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices". "Il n’était pas du tout surpris, il s’est agacé en me disant qu’il en avait marre d’entendre parler de cela, donc je n’étais pas le premier à le faire. Il m’a dit que ce n’était pas vrai, et qu’il s’était excusé", a-t-il raconté au journal.  "Je vais être très claire : sur tous ces sujets de harcèlement, d'agressions sexuelles, il ne peut y avoir aucune impunité", a quant à elle prévenu la Première ministre ce week-end. “Je peux vous assurer que s'il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision." En marge du Conseil des ministres, la porte-parole du Gouvernement Olivia Grégoire a de son côté affirmé que ce dernier “est aux côtés de celles qui ont l’immense courage de parler”. “La justice est la seule à pouvoir trancher”, a-t-elle aussi dit.  Une nouvelle plainte avec constitution de partie civile relancerait automatiquement la procédure. En attendant, Damien Abad pourrait subir la sanction des urnes le mois prochain. Emmanuel Macron a en effet renouvelé la consigne qu’il avait déjà donnée en 2017 : les ministres candidats aux législatives qui ne seront pas élus devront démissionner. Le ministre des Solidarités est candidat à sa réélection dans la 5ᵉ circonscription de l'Ain.  [avec France Info

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