Son patient tombe dans le coma : une généraliste soupçonnée de ne pas avoir de diplôme
Le 2 août dernier, Jean-Marc Gauthier, 57 ans, se rend au centre de santé de Filiéris, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) pour des douleurs et des difficultés à respirer. Il est alors reçu en consultation par une généraliste, installée dans les lieux depuis le mois de mai. Alors que le patient est à risque et souffre de problèmes cardiaques, la praticienne l’ausculte brièvement, selon l’épouse de ce dernier, et stoppe un de ses traitements prescrit par son cardiologue : une pilule qu’il prend quotidiennement depuis plusieurs semaines. Quelques jours plus tard, Jean-Marc Gauthier revient consulter la généraliste : ses chevilles ont entre-temps enflé et il a pris 5 kilos. La praticienne, âgée de 35 ans, demande alors au patient de reprendre la même pilule qu’elle avait proscrite la semaine précédente. Mais deux jours plus tard, au vu de la détérioration soudaine de l’état de santé de son mari, Régine Gauthier, son épouse, contacte le Samu. “A son arrivée aux urgences, il avait les poumons et le cœur plein d’eau”, raconte-t-elle au Journal de la Saône-et-Loire. Placé dans un coma artificiel, il est intubé puis héliporté à Dijon avant d’être hospitalisé à Chalon où il se trouve toujours “dans un état lamentable”, selon sa petite-fille. Et malgré une opération des reins qui se serait bien déroulée, son état demeure incertain.
“Elle ne savait pas faire les gestes de base” Pour la famille du patient, le diagnostic de la généraliste du centre de santé est la cause de la détérioration de son état de santé. “Selon d’autres médecins qui suivent Jean-Marc, il aurait suffi de lui prescrire rapidement un diurétique et on n’en serait pas là, assure la famille. Il aurait probablement eu d’autres problèmes, mais beaucoup moins graves. Cette dame n’avait pas les compétences et n’a pas su le gérer.” Lundi, la direction du centre de santé a pris la décision de suspendre la médecin, soupçonnée d’avoir exercé sans diplôme. En effet, la structure a fait le lien entre son employée et une alerte lancée en 2019 par l'Agence régionale de santé qui mettait en garde contre une jeune femme prétendant être infirmière alors qu'elle n'en avait pas le diplôme. “Elle ne savait pas faire les gestes de base : stéthoscope ou tension”, raconte Régine Gauthier. Selon nos confrères du Journal de la Saône-et-Loire, la jeune femme vouerait en effet un fort intérêt pour le milieu médical. Elle aurait d’ailleurs posté un message sous un blog dans lequel elle explique qu’elle adore les publications sur “le métier d’infirmière” qu’elle aimerait faire. Dizaine de plaintes Le journal retrouve également des mentions de son nom dans la liste des candidats admissibles à l’Ifsi Dijon en 2014, puis dans celle de l’Ifsi de Fleyriat, dans l’Ain, en 2015. Plus étonnant, il constate également qu’elle a été admissible en 2018 au “concours externe d’inspecteur du permis de conduire et de la sécurité routière de 3e classe”. Nos confrères se rendent également compte qu’elle a écrit sur un sité dédié aux enseignants qu’elle suivait un Master dédié à la formation des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation Une enquête a été ouverte et, selon le JSL , d’autres familles sont concernées par des faits similaires. Une dizaine de plaintes auraient par ailleurs été déposées mardi. Le centre de santé ainsi que l’Ordre des médecins, qui avait validé son inscription sur la foi de documents transmis par voie numérique, ont fait savoir qu’ils allaient porter plainte pour abus de confiance et exercice illégal de la médecine. Le Dr Montagnon, président départemental de l'ordre des médecins, a expliqué à l'AFP que la jeune femme avait transmis "de magnifiques diplômes de la Sorbonne". Par ailleurs, il précise que cette dernière avait fait sa demande d'installation pendant le confinement, ce qui explique que l'entretien d'installation ait été réalisé par téléphone. Le Dr Montagnon a déclaré avoir "modifié immédiatement les procédures devenues inadaptées".
[avec le JSL et l'AFP]
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