Le 17 décembre 2015, le Pr Mégnein, cardiologue de 54 ans, sautait du 7ème étage de l’hôpital européen Georges-Pompidou où il travaillait. Il rentrait tout juste d’un arrêt maladie de neuf mois.
Une enquête pour harcèlement moral puis une information judiciaire avaient révélé les "maltraitances" et "manoeuvres" de ses supérieurs pour que le poste de chef de service de médecine préventive cardio-vasculaire qu'il convoitait lui échappe, et l'organisation de sa "placardisation". D’autre part, les agissements, propos et comportements de "déconsidération, et de déstabilisation" ainsi qu'une "stratégie d'isolement" et de "mise à l’écart", et "la limitation de ses moyens matériels et humains", ont porté "gravement atteinte à ses droits, sa dignité et son avenir professionnel’’.
La famille du professeur "a gardé le silence pendant sept longues années afin de laisser la justice travailler sereinement", a déclaré à l'AFP son avocate, Me Christelle Mazza. "Il est temps désormais de mettre à jour ce dont certains médecins de haut niveau et l'administration hospitalière sont capables. Le harcèlement moral se niche dans les détails."
L'Inspection générale des affaires sociales, saisie par la ministre de la Santé de l'époque Marisol Touraine, avait relevé des "dysfonctionnements" et des "manquements" dans la gestion du conflit opposant le Pr Mégnien et certains de ses collègues. L'Igas avait pointé notamment "l'absence de signalement et l'alerte tardive sur la souffrance du Pr Mégnien" et des défaillances n'ayant "pas permis à la direction de saisir la médecine du travail, ni la médecine de prévention" de la faculté de médecine dont dépendait le professeur.
"Dans cette affaire, qui est un drame humain, tout est délirant et dans la démesure", a regretté Me Marie Burguburu, avocate d'un des professeurs mis en cause. L'AP-HP n'a pas souhaité s'exprimer avant l'ouverture du procès, prévu jusqu'au 7 juillet.
[avec AFP]
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