Le parquet du Nord a requis deux ans de prison avec sursis à l’encontre d’une pédiatre du centre hospitalier de Cambrai, suite au décès d’une fillette admise à l’hôpital pour des douleurs abdominales. L’affaire a fait la une des journaux et remonte à 2016. Au début du mois de mars, une rhinopharyngite est diagnostiquée à une fillette de trois ans et demi, nommée Maréva. Mais dans la nuit, la petite fille est prise de violentes douleurs au ventre. Elle est conduite au centre hospitalier de Cambrai à 00h45. A ce moment, la fillette “hurle, vomit, se frappe le ventre de douleur avec les poings”, relate la Voix du Nord. Sa famille est orientée par l’accueil en pédiatrie et Maréva est prise en charge par l’interne de garde. Face à la situation et après un examen clinique où elle constate un abdomen très dur, des marbrures au ventre et de la tachycardie, elle décide d'appeler la pédiatre senior d’astreinte. A noter que cette semaine-là, seuls deux pédiatres contre quatre habituellement se sont relayés pour les astreintes de nuit. La pédiatre lui demande d’appeler le chirurgien, qui refuse alors de se déplacer. “Il me remet à ma place gentiment, me dit que pour mon avenir, je dois apprendre une certaine façon de faire, la pédiatre ne s’étant pas déplacée, il ne voit pas pourquoi je l’appelle”, témoigne cette dernière dans Ouest France. La Voix du Nord précise que l’interne ignorait les symptômes cliniques de l’état de choc et que la pédiatre assure ne pas les avoir constatés non plus à son arrivée.
Le médecin passe voir la fillette dans la nuit, vers 3h45. “Le bilan était normal et l’enfant calme”, témoigne-t-elle. Elle tente de joindre les services de radiologie pour effectuer un scanner ou une échographie mais échoue. A défaut, des radios du thorax et de l’abdomen sont réalisées. La pédiatre décide alors de repartir chez elle et envisage le transfert de l’enfant vers le CH de Valenciennes au petit matin. “Pour moi, elle n’allait pas mourir. Elle est en soins continus, avec un scop”, plaide-t-elle. Mais, vers 8h30, la pompe à perfusion sonne, l’infirmière trouve l’enfant en arrêt cardiaque. Elle décède malgré une heure de réanimation. La famille ayant refusé une autopsie, les causes de la mort n’ont pas pu être établies. Toutefois, selon des experts, ses chances de survie ont été estimées à 80%. Selon les trois expertises médicales ordonnées, Maréva serait morte d’un état de choc, d’un mégacôlon toxique ou d’un volvulus du grêle. Divers degrés de responsabilité Selon l’AFP, l’infirmière d’accueil et d’orientation n’aurait pas pris les constantes de la petite fille, prétextant qu’elle avait peur. Pour le ministère public, la pédiatre a “involontairement causé la mort en ne prenant pas les mesures qui auraient pu éviter le décès alors qu’elle en avait les moyens”. “Ce n’est pas l’inaction des autres protagonistes qui a conduit au décès de Maréva. C’est l’inaction du docteur”, a estimé la procureure Ambre Janssens, qui a requis deux ans de prison avec sursis à son encontre.
De son côté, l’avocate de la prévenue a reconnu “l’erreur de diagnostic” mais a insisté sur l’absence de “culture médicale commune” et des “conditions défectueuses” au sein de l’hôpital. “Le fait qu’il n’y ait pas eu de travail d’équipe a été lourd de conséquences”, a-t-elle estimé, plaidant la relaxe. Elle pointe aussi un rapport de l’ARS ayant montré “une série de défaillances imputées à l'hôpital”. Le jugement du tribunal correctionnel sera rendu le 15 décembre. [avec Ouest France et la Voix du Nord]
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