Alors qu’il sort son livre “L'Énigme du nénuphare” (Stock) pour revenir sur la crise sanitaire liée au Covid-19, le directeur général de l’Assistance-publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch était l’invité du grand entretien de la matinale de France Inter ce mardi 25 août. Interrogé sur l’actuelle recrudescence des cas et le risque d’une “seconde vague” d’épidémie, il a d’abord expliqué ne pas vouloir faire “l’arbitre” entre certains professeurs estimant que nous sommes actuellement dans un second pic d’épidémie comme Karine Lacombe, et ceux prônant l’inverse, comme le Pr Jean-François Delfraissy. Pour autant, Martin Hirsch a voulu donner des chiffres factuels qui démontrent, selon lui, que les indicateurs “remontent”. “La réalité telle qu’on la voit dans nos tableaux, c’est que les indicateurs pour le taux de positivité dans la population générale ou le nombre d’hospitalisations augmentent et doublent tous les 26 jours (...) Ça augmente, ça double régulièrement dans les hôpitaux. Mais début mars, ça doublait tous les trois jours. La moyenne d’âge en réanimation n’a pas diminué (...) Ce temps de doublement est beaucoup plus long que celui qu’on avait à l’acmé de la crise. Notre travail collectif est de faire en sorte que ce doublement ne devienne pas un doublement en 15 jours, une semaine, trois jours”, a-t-il expliqué au micro. “Ne croyez pas ceux qui disent que le virus a changé, qu’il est gentil et se balade chez les jeunes”, affirme-t-il encore en parlant d’une augmentation “exponentielle maîtrisée”.
“Ces paroles contribuent à l’évolution de l’épidémie” Le directeur de l’AP-HP a également fait le point sur les discours de certains professionnels de santé à l’antenne, y compris le Pr Raoult. “Mes blessures individuelles, tout le monde s’en tape et je cherche pas à savoir si je suis blessé ou en colère. En revanche, on a chacun des responsabilités dans les discours qu’on fait passer”, a poursuivi Martin Hirsch. "Je pense que nous avons intérêt à tirer des enseignements, mesurer le fait qu’une parole au micro sur les jeunes, les masques, l'hydroxychloroquine a un impact majeur. Ces paroles contribuent à l’évolution de l’épidémie." Et d'enchaîner, sans le nommer, sur le Pr Raoult : “Il utilise les vieilles ficelles complotistes. 'Tous vendus sauf moi', la pensée par identification, etc. En période de crise, on a envie d’un bouc émissaire, de solutions faciles”. “Jusqu’à présent, la science était une sorte de rationalité. Quand elle devient elle-même irrationnelle et utilise les recettes du populisme - faire semblant de se différencier, faire croire à des recettes miracles - c’est quelque chose de nouveau. On a vu des dérives individuelles, des prix Nobel dire qu’ils pouvaient soigner le pape avec de la papaye quand ils avaient Parkinson. On a jamais vu, comme ce printemps, une pénétration aussi forte sur les comportements de l’attitude de certains scientifiques”, a-t-il encore lâché.
.@MartinHirsch : "Jusqu'à présent, la science était une sorte de rationalité contre le populisme. Quand elle devient elle-même irrationnelle et utilise les recettes du populisme, là, il y a quelque chose de nouveau." #le79inter pic.twitter.com/4bfTkikF95
— France Inter (@franceinter) August 25, 2020
[avec France Inter]
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