Egora.fr – Le Panorama du médecin : Fin mars, les Académies de médecine et de pharmacie ont pris une position commune en faveur du déremboursement de l’homéopathie. Pour quelles raisons ? Daniel Bontoux. C’est un problème ancien. Mais nous rappelons simplement que pour qu’un produit soit remboursable, il faut qu’il ait fait la preuve de son efficacité suivant des méthodes universellement reconnues, notamment la comparaison du produit avec un placebo. C’est ce qu’on appelle la médecine fondée sur les preuves. La règle s’impose à tous les médicaments et il n’y a pas de raison que les produits homéopathiques continuent à y déroger. D’autres médicaments ont été déremboursés dans les dernières années parce qu’ils n’avaient pas fait la preuve de leur efficacité même si les patients y tenaient. Il s’agit ici d’un point de vue scientifique que nous avons transmis à la ministre de la Santé à qui il appartient de prendre la décision.
Pourquoi les académies sont-elles opposées à l’enseignement de l’homéopathie dans les universités ? Il faut bien comprendre que si, en tant que scientifiques, nous préconisons le déremboursement des produits homéopathiques parce qu’ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, nous ne condamnons pas l’homéopathie en tant que telle. Nous admettons parfaitement qu’on peut l’utiliser dans des conditions évidemment très limitées pour des troubles fonctionnels légers liés à la douleur ou à l’anxiété par exemple, si les patients le souhaitent et en sont satisfaits. Mais il faut bien comprendre que l’effet qu’ils ressentent relève de l’effet placebo. Pour autant, l’effet placebo avec attente est un phénomène neurobiologique parfaitement démontré. C’est donc un effet positif et tout à fait acceptable dans la mesure où on peut éviter ainsi les inconvénients des véritables médicaments.
Par conséquent, nous ne sommes pas contre l’usage de l’homéopathie dans des situations qui n’exigent pas d’autres traitements et sous condition que le médecin soit conscient qu’il use d’un placebo avec attente. Ainsi, il n’est pas question d’enseigner dans les facultés de médecine et de pharmacie quelque chose qui est de l’ordre de la croyance, comme l’est la théorie des similitudes à la base de l’homéopathie. En revanche, il peut être tout à fait raisonnable de renforcer les enseignements dédiés à la relation médecin-malade, aux effets non spécifiques de l’homéopathie, aux effets placebos avec attente, aux effets bénéfiques du conditionnement et au bon usage des médecines complémentaires intégratives. Les académies insistent également sur la nécessité d’une "information loyale" du patient. Quelles doivent en être les formes ? Nous devons toujours à nos patients une information consciencieuse. S’ils nous interrogent sur les thérapies complémentaires, nous devons leur expliquer les choses d’un point de vue scientifique et ne pas faire croire à des actions mystérieuses ou des théories fausses. Pour autant, il n’est pas question d’imposer aux patients qui tirent un bénéfice de l’homéopathie d’y renoncer. Par ailleurs, il nous semblerait utile que les pouvoirs publics mettent en place un site d’information labellisé qui soit une base indépendante et actualisée d’information du public sur les thérapies complémentaires.
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