Qui sera le prochain directeur général de l’Inserm ? Silence. Au plus haut niveau, que ce soit à Matignon ou à l’Elysée "on se tait, comme tétanisé par le sujet. Dans les couloirs du ministère de la Santé, la question est ouvertement taboue", relate Libération. Le mari de la ministre de la Santé, le Pr Yves Lévy, est actuellement le directeur général du plus important institut de recherche médical en France. Lors de la nomination de cette dernière avenue de Ségur en mai 2017, l"évident conflit d’intérêts avait bien sûr fait jaser, rappelle le quotidien. Une solution avait alors été trouvée : éloigner Agnès Buzyn de la tutelle des dossiers concernant l'Inserm, ces derniers étant renvoyés, via le secrétariat général du gouvernement, directement à Matignon qui exerçait ensuite une double tutelle, avec le ministère de la Recherche. Or, "voilà que tout est à recommencer" alors qu'approche le terme du mandat du directeur général et qu'un nouveau patron doit être nommé d'ici le 12 juin.
"Le bon sens voudrait que le Pr Yves Lévy ne se représente pas", note Eric Favereau, mais c'est le black-out total. Aucune communication ne passe sur le dossier. Alors que l'appel à candidature a été lancé via le Journal officiel le 28 avril, et que le choix reviendra, in fine, au ministère de la Recherche, même le nom des candidats n'est pas public. Certains chercheurs, en off, considèreraient que le maintien d’Yves Lévy "ne serait pas sain". Toujours en off, certains évoquent par exemple, "la position pour le moins délicate du Pr Lévy qui, sur la recherche vaccinale, a largement favorisé une équipe qui lui est proche". En outre, des candidats potentiels n'oseraient pas se présenter contre le mari de la ministre de la Santé. "Prenez l’exemple de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui rassemble les plus grandes unités de recherche. Comment voulez-vous que son directeur général, Martin Hirsch en l’occurrence, ne soit pas gêné quand il discute avec le mari de sa ministre de tutelle", note, ironique, un haut fonctionnaire, selon des propos rapportés par Libération. De l'avis de tous, malgré des tempéraments opposés, le couple est très proche. Autant Agnès Buzyn est diplomate et appréciée pour cela, autant son mari apparaît dénué de ces qualités, "ouvertement clivant, cassant et qualifié comme péremptoire". L'homme peut compter ses ennemis, issus d'une "kyrielle de conflits et de chercheurs qu'il a maltraités". A en croire le Canard enchaîné du 9 mai, citant "un proche de l’Elysée", la ministre de la Santé mènerait une intense campagne pour assurer la réélection de son mari. Interrogée, elle ne dit rien. "Tout cela peut mal se terminer, y compris par la démission de la ministre, lâche, inquiet, un proche. Le problème est qu’en haut lieu, personne n’ose trancher. Personne ne veut dire tout simplement qu’en dépit des éventuelles qualités d’Yves Lévy, cela ne peut plus continuer." [Avec liberation.fr]
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