C’est un rendez-vous inédit qui se tient au ministère de l’Intérieur ce jeudi 9 et vendredi 10 mars. Quatre mois après la publication du dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui alertait, entre autres, sur une hausse de près de 50% des signalements reçus entre 2015 et 2021, se tiennent les toutes premières Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires.
"La Miviludes porte un message clair : le phénomène sectaire est en constante augmentation dans notre pays depuis de nombreuses années", avec "plus de “4.000 signalements" reçus en 2021, a déclaré Sonia Backès, secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté, en ouvrant ces assises. "Il importe par conséquent de prendre la mesure de cette alerte", a-t-elle poursuivi : "Pour ce faire, l'Etat doit, avec toutes les parties prenantes, réadapter son organisation et ses outils pour mieux répondre à ce défi sociétal. Nous devons désormais changer d'échelle".
La secrétaire d’Etat a notamment estimé qu'il serait difficile de "faire l'économie d'un renforcement de notre arsenal législatif", citant comme "urgent" le fait de "renforcer les possibilités de poursuivre les auteurs", "d'améliorer la réparation due aux victimes", ou encore de "raccourcir les délais d'instruction des procédures". Autre objectif, selon elle : "Mettre toute notre énergie sur la prévention, la sensibilisation, l'information sur les risques". Et pour elle, "c'est sur les réseaux sociaux que se mène la bataille décisive".
Encadrement des pratiques de soins non conventionnelles
Alors que le rapport de la Miviludes a mis l'accent plus particulièrement sur les dérives liées à la santé parmi celles considérées comme les plus inquiétantes, la ministre déléguée aux professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a indiqué qu'elle allait lancer "dans les toutes prochaines semaines" un "comité d'appui pour l'encadrement des pratiques de soins non conventionnelles" (PSNC), comme par exemple l'ostéopathie, la chiropraxie, l'hypnose, l'acupuncture. Composé d'experts et d'associatifs, il devra "dresser une cartographie des PSNC qui devra aboutir à une classification, afin que cessent, par exemple, de coexister (...) de façon indifférenciée les dérives sectaires et les pratiques auxquelles ont recours des professionnels de santé en appui de l'exercice" de leur profession, a-t-elle dit.
Les participants aux assises, qui réunissent ministère de l'Intérieur, Miviludes, services de l'Etat, associations, personnalités, parlementaires, vont travailler selon "sept axes prioritaires". Parmi eux : "faire évoluer le droit et les réponses judiciaires", "consolider le partenariat entre l'État et les associations sur le territoire", "mieux accompagner les victimes", ou encore "lutter contre les dérives sectaires sur Internet". Il s'agira, selon Sonia Backès, de parvenir à "la définition d'une feuille de route pluriannuelle".
[avec AFP]
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