La durée d’une antibiothérapie telle qu’elle est indiquée sur l’ordonnance traditionnelle pourrait ne pas être respectée, sans effet négatif particulier, bien au contraire.
Cette position qui va à l’encontre de la recommandation classique qui est de suivre le traitement sur la totalité de la durée recommandée (souvent de 8 jours, voire 10 ou 15) favoriserait le développement de l’antibiorésistance prétendent des experts dans une analyse publiée par le British Medical Journal (The antibiotic course has had its day) en date du 26 juillet 2017. Selon le premier auteur de cette tribune, le Dr Martin J Llewely, professeur en infectiologie, dans la plupart des cas, le médecin pourrait recommander à son patient de ne prendre son traitement antibiotique que tant qu’il ne se sent pas bien et donc de l’arrêter dès la perception d’une franche amélioration de son état de santé, ce qui n’est parfois que l’affaire de 24 ou 48 heures. Des durées de prescription excessives Cette position va à l’encontre de la recommandation récente (2016) de l’Organisation Mondiale de la Santé qui, dans le cadre de sa campagne Antibiotic Awareness Week de l’an dernier clamait haut et fort "de toujours suivre son traitement antibiotique sur l’ensemble de la durée prescrite, même en cas d’amélioration clinique franche, car une interruption prématurée favorise le développement de souches résistantes". Tout faux donc selon les auteurs de cette tribune ! En effet, ceux-ci considèrent, au contraire de l’OMS, que c’est une durée excessive qui est le promoteur de l’antibiorésistance. Et que la plupart des durées de prescription sont actuellement excessives, l’organisme avec ses défenses immunitaires étant en capacité de prendre le relai de l’antibiothérapie pour "finir le travail" dès lors que les antibiotiques ont permis une amélioration perceptible de l’état de santé. Lire aussi : Ajouter des huiles essentielles aux antibiotiques, l'idée de génie d'un chercheur Pour ces auteurs, la plupart des recommandations de durée de traitement reposent sur des bases peu solides. Ainsi citent-ils l’exemple de la pyélonéphrite pour laquelle une antibiothérapie de 15 jours représente le standard habituel. Or des études ont bien montré que 7 jours de ciprofloxacine ou 5 jours de levofloxacine étaient suffisants. Mais avec les bêta-lactamines, antibiotiques les plus utilisés dans cette indication, la durée habituellement recommandée est de 10 à 14 jours simplement parce qu'on ne dispose pas de données sur l’efficacité de traitements plus courts ! Diminuer l'antibioresistance Martin J Llewely et coll. invitent les politiques et les médecins à abandonner ce message, réducteur et simpliste selon eux, qui voudrait qu’un traitement antibiotique ait une durée établie valable pour tous. Si l’amélioration clinique le justifie, une interruption plus précoce du traitement pourrait être possible dans la plupart des cas, ce qui diminuerait le risque d’antibiorésistance tout en diminuant le nombre de jours de consommation d’antibiotiques donc les coûts de santé, y compris ceux induits par la iatrogénie imputable aux antibiotiques. Ces auteurs en appellent donc au développement de nouvelles études cliniques visant à redéfinir les durées optimales d’une antibiothérapie, notamment pour combattre les infections bactériennes les plus courantes.
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