Anticancéreux périmés et sous-dosés : le distributeur français porte plainte contre le laboratoire
Pendant plus de quatre ans, 100 000 doses d'un anticancéreux périmé ont été données à des patients. Le distributeur français du Thiotépa vient de porter plainte contre le fabricant allemand pour tromperie aggravée.
L'affaire éclate en mars 2011. Le laboratoire allemand Riemser, fabricant du Thiotépa, avertit les autorités sanitaires que des flacons périmés circulent en France. Des analyses de l'Afssaps confirment que les doses de médicament utilisé contre les cancers de l'ovaire, de la vessie et du sein, mais également pour certains cancers de l'enfant, ne contiennent plus la dose de principe actif exigé. Au total, 96 829 flacons non-conformes ont été distribués entre février 2007 et septembre 2011. Le laboratoire Riemser porte plainte et le parquet de Paris ouvre en novembre 2011 une information judiciaire pour tromperie aggravée, falsification de substances médicamenteuses ainsi que faux et usage de faux. En août 2016, le patron de Genopharm, distributeur français du médicament, est mis en examen. Une enquête est aussi menée en Suisse, visant cette fois le laboratoire helvétique Alkopharma. Riemser fournissait le Thiotépa à Alkopharma, qui était chargé de son conditionnement avant de le transmettre à Genopharm, qui le commercialisait ensuite dans les hôpitaux français. Les investigations révèlent qu'à l'époque Alkopharma avait des problèmes pour écouler son stock. La responsable de la logistique dans la société avait alors falsifié la date de péremption de certains lots pour les vendre malgré tout. Dans un jugement de juin 2016, cette responsable logistique et le patron d'Alkopharma, ont été condamnés à des amendes. La mise en danger de la santé des patients n'a pas été retenue par le tribunal helvétique et un appel est en cours pour cette raison. "Le jugement suisse a en tout cas montré que Genopharm n'est pas responsable d'avoir écoulé des produits périmés", souligne l'avocate du patron de Genopharm qui vient d'ailleurs de porter plainte contre le laboratoire allemand pour tromperie aggravée. Selon lui, Riemser est à l'origine du sous-dosage du produit. "Cette démarche n'a pour but que de créer un contre-feu", estime au contraire Eric Weil, avocat de Riemser, rappelant qu'une première plainte sur les mêmes motifs a été classée sans suite il y a sept ans, faute d'éléments probants. Selon lui, la question n'est pas là. "Le scandale est d'avoir vendu un produit parfois trois ans après sa date de péremption. Et sur ce point, Genopharm a au minimum manqué à son devoir de vigilance en ne vérifiant pas que les produits étaient périmés", affirme-t-il. A ce jour, aucun expert n'a imputé une évolution négative d'un cancer directement au Thiotépa, notamment parce qu'il était toujours administré conjointement à d'autres produits, ce qui ne permet pas d'établir un éventuel lien de causalité. [Avec AFP]
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