Nouvel épisode dans la lutte entre biologistes médicaux indépendants et géants du secteur: trois syndicats de la profession ont assigné en justice le groupe Cerba, qu'ils accusent de contourner les règles garantissant l'indépendance des laboratoires sous son aile. Les gros groupes du type Cerba contrôlent aujourd'hui plus du tiers de la biologie française.
Le syndicat des biologistes SDB, le syndicat des laboratoires de biologie clinique SLBC et le syndicat des jeunes biologistes indépendants SJBM basent leurs accusations sur des documents publics remis par Cerba au régulateur des marchés financiers du Luxembourg, qui détaillent sa structure, a déclaré mardi à l'AFP François Blanchecotte, le président du SDB. Au vu de ces documents, le biologiste exerçant "n'a plus rien à dire dans son propre laboratoire, même si la loi française stipule qu'il doit détenir plus de 50% des droits de vote et du capital de sa société," selon François Blanchecotte. Cerba entend opposer une "réplique ferme, tant sur la forme que sur le fond" à cette action en justice "dénuée de fondement sérieux", selon un communiqué du groupe. Cerba "a toujours veillé à exercer ses activités dans le plus strict respect des réglementations en vigueur, tout en garantissant l'indépendance des biologistes médicaux qui exercent en son sein", ajoute le groupe dans son communiqué. Les trois syndicats espèrent que leur action en justice devant le tribunal de grande instance de Pontoise (Val-d'Oise) permettra in fine "de revenir sur la loi et de clarifier les choses", pour "savoir où va la biologie française", a encore dit François Blanchecotte, qui tente actuellement de sensibiliser les candidats à la présidentielle sur la question. A grand renfort de rachats de laboratoires indépendants ces dernières années, de grands groupes comme Cerba, Labco et Eurofins contrôlent aujourd'hui plus d'un tiers du marché privé de la biologie médicale en France, évalué à environ 4,2 milliards d'euros. "Comme les stations-essence, les labos fermeront les uns après les autres dans les zones où ils ne sont pas rentables, c'est-à-dire les campagnes", redoute François Blanchecotte, qui dénonce depuis des années la "financiarisation" de la biologie médicale. En réplique à ces groupes souvent adossés à des fonds d'investissement, d'importants regroupements de laboratoires indépendants ont aussi émergé ces dernières années, comme LaboFrance l'an dernier. Selon une étude du cabinet Xerfi publiée en avril 2016, la France compte désormais moins de 1.000 laboratoires dans lesquels les échantillons médicaux sont analysés, contre plus de 4.000 en 2009. [Avec lefigaro.fr et l'AFP]
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