"Nous, patients et professionnels de santé, notamment médecins rhumatologues, sommes très préoccupés des pénuries actuelles et répétées concernant les corticoïdes par voie orale ou injectable, alors que ces médicaments font partie des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) définis par le décret du 20 juillet 2016", écrivent dans Le Monde cinq médecins et dix associations de patients. Les fortes tensions d'approvisionnement sur les corticoïdes qui touchent la France depuis début mai frappent de plein fouet 1 à 4% de la population, sous traitement au long cours, alertent-ils dans cette tribune datée du 25 mai : les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, lupus ou encore BPCO et MICI. "Ces médicaments sont également très utiles en cures courtes" pour soulager les névralgies cervico-brachiales, les sciatiques ou la goutte, rappellent-ils. Quant aux formes injectables, elles font partie de "l'arsenal thérapeutique de premier choix" pour traiter les poussées d'arthrose ou les tendinopathies. Le retrait, prévu au 31 juillet, du Kenacort Retard, est donc incompréhensible pour ces médecins et patients. "La disparition de cet autre corticoïde pour infiltration va réduire encore les alternatives thérapeutiques, après le retrait de l’Altim par le fabricant, il y a deux ans, et d’autres (tel le Dilar), ou le non-remboursement d’autres formulations (tel le Depomédrol)", s'alarment les signataires, qui redoutent une "spirale infernale de disparition de cette classe de produits". Malgré la définition en 2017 de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur faisant l'objet d'une surveillance renforcée et d'un signalement précoce à l'ANSM, les tensions d'approvisionnement et ruptures de stock de médicaments se multiplient en France (538 en 2017). S'agissant des corticoïdes, les industriels évoquent des "retards pris dans la production des spécialités". Mais pour les signataires de la tribune, "le prix extrêmement bas de ces médicaments anciens (moins de 5 euros la boite) retentit de manière très négative sur leur rentabilité". Les "contraintes économiques" seraient responsables de 7% des pénuries d'après le Leem, qui souligne que les prix des médicaments en France sont dans 50% des cas inférieurs au plus bas prix européen. En clair, la production de ces médicaments et l'approvisionnement du marché français ne serait pas une priorité. L'ANSM a réuni les industriels le 9 mai afin de leur demander de procéder à des importations de spécialités similaires en provenance des autres états européens afin de garantir la couverture des besoins des patients. L'agence sanitaire a annoncé le 24 mai un retour à la normale "dans quelques semaines" pour les corticoïdes par voie orale à base de prednisone et de prednisolone. Cela n'a pas suffit à rassurer les médecins. Les signataires de la tribune demandent aux autorités de régler le problème une fois pour toutes en assouplissant les réglementations et en obligeant les industriels à constituer des stocks minimaux. Par ailleurs, des voix -notamment le sénateur Jean-Pierre Decool, auteur d'un rapport- s'élèvent en faveur de la création d'un établissement pharmaceutique européen produisant les médicaments essentiels. C'est ce que 500 établissements de santé américains viennent de faire : Civica Rix, fabriquant de médicaments à but non lucratif, commencera à produire d'ici la fin de l'année. [avec Lemonde.fr]
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