Eau radioactive : non, les hôpitaux parisiens n'ont pas reçu de consigne préfectorale

22/07/2019 Par Yvan Pandelé
Santé publique
La rumeur selon laquelle l'eau d'Île-de-France serait radioactive est née de la conjonction de plusieurs éléments : la communication alarmiste d'une association sur les risques de pollution radioactive de l'eau, relayée sans précautions dans certains médias, et le message WhatsApp d'une infirmière parisienne sur une pollution imaginaire de l'eau francilienne au "titanium".

  La source initiale de la rumeur semble être un communiqué alarmiste de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (Acro). Le mercredi 17 juillet, elle publie une "carte exclusive de la contamination radioactive de l'eau potable en France métropolitaine", suscitant une intense couverture médiatique. Une dépêche AFP est rédigée et de nombreux journaux reprennent la nouvelle, titrant allègrement sur "6,4 millions de Français" qui boiraient de l'eau "contaminée" ou "radioactive". En réalité, l'association s'est attachée à mesurer la présence de tritium (un isotope de l'hydrogène) dans l'eau, en tant que marqueur potentiel de pollution radioactive. Sur les 104 analyses menées, une seule (à Saumur, dans la Loire, en janvier 2019) dépasse le seuil de 100 becquerels par litre (Bq/l), au-delà duquel une enquête doit être déclenchée pour identifier d'éventuels problèmes de rejets.* Ce seuil est purement règlementaire : d'un point de vue sanitaire, la valeur déjà très conservatrice recommandée par l'OMS pour le tritium dans l'eau potable est de 10 000 Bq/l, soit 100 fois plus.   De l'eau contaminée au… "titanium" (sic) Mais la panique semble avoir été renforcée par un message audio diffusé dans la foulée via l'application de messagerie mobile WhatsApp. Une femme, se présentant comme infirmière à Bichat (AP-HP), y affirme qu'un "arrêté préfectoral" aurait été reçu par l'hôpital, annonçant que "toute l'eau d'Île-de-France et de Paris a été contaminée au titanium [sic] et est donc radioactive". Elle poursuit en déclarant que l'hôpital se prépare à "une recrudescence d'intoxications" et conseille de ne "surtout pas boire l'eau du robinet". La nouvelle a été rapidement démentie par tous les acteurs institutionnels imaginables, du service public de l'eau (Sedif) (la radioactivité moyenne de l'eau du robinet francilienne est de 9 Bq/l) à l'ARS Île-de-France (aucun risque sanitaire), en passant par l'AP-HP (aucune alerte reçue). "C'est une rumeur dangereuse", déplorait samedi Aurélien Rousseau, DG de l'ARS Île-de-France, auprès de l'AFP. "D'autant qu'avec l'arrivée attendue d'un nouvel épisode caniculaire, le message va au contraire être : 'hydratez-vous, buvez régulièrement'". Interrogée par l'AFP, l'AP-HP affirme ne pas connaître l'identité de la personne à l'origine du message, mais se réserve le droit de porter plainte.    * Le tritium présent dans les rivières est essentiellement rejeté par les centrales nucléaires et les centres de recherche, et fait l'objet de contrôles réguliers. Le pic exceptionnel mesuré en janvier par l'Acro à Saumur a fait l'objet d'une enquête de l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), afin d'en évaluer les sources possibles. Là aussi, l'agence précise que le niveau de tritium mesuré est "sans enjeu sanitaire". [Avec l'AFP et Le Figaro]

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