L’Arlésienne du "grand âge" devrait refaire une apparition en 2024. Élisabeth Borne a promis une loi de programmation, qui sera présentée avant l’été afin qu’elle puisse être adoptée au second semestre. "Si on loupe l’opportunité qui est la nôtre dans l’année qui vient, on risque de ne plus avoir le temps", a confié Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, lors du congrès annuel de l’Association des maires de France mi-novembre. Et pour cause : le nombre de Français âgés de 75 à 84 ans va augmenter de 50 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 à 6,1 millions. Alors que le Parlement vient d’adopter largement une proposition de loi sur le "bien vieillir", la ministre a promis l’engagement de concertations avec les parlementaires de tous les groupes ainsi qu’avec les déparments et les professionnels du secteur. "Cette fois-ci, je veux y croire : nous avons obtenu l’engagement d’une loi, s’est réjoui sur les réseaux sociaux le député socialiste Jérôme Guedj, expert de ces questions. Maintenant, on va maintenir la pression." En novembre dernier, la Première ministre a énuméré qu’il faudra "répondre à quatre grandes questions : quels sont nos besoins ? comment les financer ? comment disposer des compétences et des personnels nécessaires ? comment améliorer la gouvernance sur ce sujet majeur ?". La remise sur le métier du sujet du grand âge satisfait également les médecins du secteur. "C’est déjà un progrès qu’on reparle d’une loi par rapport aux rustines qu’on a eues jusqu’à présent, commente le Dr Pascal Meyvaert, président du Syndicat des médecins coordonnateurs d’Ephad-CSMF. Pour autant, il ne saurait y avoir de loi de programmation sans l’engagement d’un véritable financement fort pour des ressources humaines spécialisées en gériatrie, en Ehpad comme à domicile". L’âge moyen d’entrée en établissement est aujourd’hui de 85 ans, mais 92 % des personnes âgées souhaitent vieillir chez elles. "À la maison, les patients se retrouvent parfois dans des situations de solitude et sans encadrement, il faut des bras et donc redonner de l’attractivité aux professions qui s’occupent d’eux", estime ce dernier. Dans les Ehpad, les difficultés de recrutement de médecins coordonnateurs se conjuguent avec le manque de médecins traitants en ville. "Nous sommes sur nos gardes, avertit Pascal Meyvaert. Il est très important de bien scinder les fonctions de médecin coordonnateur et de médecin prescripteur. Si un résident veut choisir le médecin coordonnateur comme médecin traitant, il faudra que le temps de prescription soit respecté et rémunéré pour ne pas empiéter sur ses fonctions de coordination." Les autres papiers du dossier :
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