Les laboratoires Boiron sont reçus ce mercredi 12 juin par la Haute Autorité de santé, avant une décision probable de déremboursement des spécialités homéopathiques. La face visible d'une contre-attaque tous azimuts, révèle le journal La Croix, y compris dans la coulisse politique. Ce mercredi 12 juin, Boiron est auditionné à la Haute Autorité de santé (HAS) aux côtés des deux autres fabricants d'homéopathie, le français Lehning et le suisse Weleda. Les industriels essaieront de faire valoir leur point de vue auprès de l'agence sanitaire, qui s'apprête à statuer sur le déremboursement des 1200 spécialités homéopathiques, pour l'heure prises en charge à 30 % par l'Assurance maladie. Cette procédure contradictoire ne devrait guère changer la donne : l'avis provisoire de la HAS, en faveur du déremboursement, est connu depuis le mois dernier, révélé par Le Monde et France Info puis confirmé par Boiron. Une fois l'avis définitif rendu, le 28 juin (après une réunion en séance plénière le 26 juin), il reviendra à la ministre de la Santé de trancher et de le mettre en œuvre. D'où un lobbying politique intense, révèle le journal La Croix. Fort de 2600 employés et d'un réseau développé, Boiron aurait ainsi déjà été reçu à Matignon et au ministère du Travail. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, serait le prochain sur la liste. Collomb et Wauquiez dans la balance Le laboratoire lyonnais pourrait aussi compter sur des relais politiques majeurs : le maire de Lyon et ex-ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, ainsi que le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, se seraient déjà fendus de courriers à l'endroit du Premier ministre et du président de la République. L'influent président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, n'avait quant à lui pas hésité à afficher son soutien à l'homéopathie sur Twitter.
Lancée en avril dernier, la campagne "Mon Homéo Mon Choix" – soutenue par des associations de patients, des sociétés savantes en homéopathies et des organisations de médecins homéopathes mais financée par l'industrie – semble porter ses fruits. La pétition du site vogue allègrement vers le million de signatures, tandis que les relais vont bon train sur les réseaux sociaux. Le site Numérama révélait en mai que la campagne intégrait le financement de blogueuses lifestyle sur Instagram. Un "livre blanc" sur la "place de l'homéopathie dans l'offre de soins" vient également d'être mis à disposition sur le site. "Agnostique" sur l'utilité de l'homéopathie, Agnès Buzyn a accepté de saisir la HAS sur la question du remboursement l'été dernier, dans le sillage du débat public initié par la tribune des 124. Elle a toujours annoncé, depuis, qu'elle suivrait l'avis de la haute autorité. Un engagement que la locataire de l'avenue Duquesne aura fort à faire pour tenir. [Avec La Croix]
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