"La nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est-elle une bonne chose ?" Pour 96% des 956 professionnels de santé lecteurs d'Egora (en majorité médecins) qui se sont exprimés sur le site depuis le 8 février, la réponse est "non". "C'est juste une catastrophe !", s'émeut D.C, médecin. "On ne pouvait pas rêver ou plutôt cauchemarder pire !", lance H.G., généraliste. "On voudrait éliminer les médecins qu'on ne ferait pas autrement… Idem pour les IDE et autres" professions de santé, regrette F.S. Tous dénoncent un nouvel "affront" à la profession de la part du Gouvernement. C'est "une véritable déclaration de guerre vis-à-vis des soignants libéraux", juge R.G.
Une majorité de lecteurs soulignent que Frédéric Valletoux, ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), est "un farouche opposant de la médecine libérale", comme D.D., gastroentérologue. Certains prédisent même "la mort de la médecine libérale", à l'instar de S.C-L.D, généraliste. "Il ne reste plus qu'à enterrer en grande pompe la médecine générale", lâche un autre confrère, pessimiste. Plusieurs lecteurs se souviennent des "attaques verbales répétées contre les médecins libéraux" du nouveau locataire de l'avenue de Ségur, "adepte plus de la coercition que de la discussion".
Début juin, le député Horizons estimait par exemple que les pouvoirs publics avaient "peut-être" été "trop lâches et pas assez courageux vis-à-vis d’une médecine libérale" ces dernières années. Il défendait sa proposition de loi sur l'accès aux soins, contre laquelle des milliers de médecins ont manifesté dans les rues de la capitale, la jugeant excessivement coercitive. Le texte avait finalement été adopté après avoir été grandement amputé des mesures de régulation à l'installation – entre autres.
"Ce triste sire passe son temps à traiter de feignasses les médecins libéraux alors que nous travaillons entre 55 et 80 heures par semaine. D'après lui, nous ne ferions pas les gardes ? Sauf que 95% des secteurs sont couverts, et que dans les autres cas, soit il n'y a quasiment pas d'appel, soit il faudrait répondre au péril de nos vies ! Ce sont les politiciens qui à coup de lois de santé plus tordues les unes que les autres ont fait passer notre système de santé de la première place en 2000 à la 17e maintenant. Sûrement pas les médecins libéraux qui le tiennent à bout de bras !", dénonce S.B., chirurgienne thoracique et cardio-vasculaire.
En pleine négociations conventionnelles, cette nomination apparaît comme un coup bas. "Avec lui on sera de garde tous les jours et le G sera revalorisé à 30 euros au prochain remaniement… dans 3 ans", craint M.C., généraliste. "En santé il a tout raté, tout. De la première année de médecine à la chute de l'hôpital public dont il était le représentant, juge sévèrement F.B. Donc on le nomme ministre parce que c'est le copain d'un copain. Il va avoir les mains libres pour se venger de la profession qu'il a toujours jalousé. Et ça commence déjà avec les négociations qu'il bloque à 30 euros avec un maximum de contreparties inacceptables, dans l'unique but d'atteindre la servitude des médecins via la capit(ul)ation", présage ce médecin.
Certains pointent en outre son "manque d'expérience". "En dehors du fait que son DEUG d’histoire et son poste de président de la FHF ne constituent en rien une expérience du monde libéral et de ses contraintes, on peut surtout mettre en doute sur son niveau d’expertise sur la santé dans son ensemble", écrit R.G. "Voilà un individu qui ne connait strictement rien à la médecine générale, voir à la médecine dans son ensemble", abonde L-J. T, maître de stage. "Je suis bien content d'être un médecin retraité actif qui peut s'arrêter du jour au lendemain. Je plains nos jeunes confrères."
"Une nomination qui va pousser encore plus au déconventionnement"
Nombre de lecteurs appellent à réagir à cette nomination vécue comme un nouvel "affront". A l'instar de P.R., médecin généraliste : "Arrêtons de pleurer, agissons à tous les niveaux, n'ayons pas peur, faisons de véritables actions", écrit-il. "Préparez les brassards 'en grève'", ajoute F.M., un autre généraliste. Si F.D. a répondu "oui" à la question "La nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est-elle une bonne chose ?", c'est parce qu'il pense qu'elle pourra "initier la révolte".
Pour beaucoup, cette nomination va "pousser encore plus au déconventionnement", comme le prédit le Dr H-L.T, qui adresse "toutes [ses] condoléances à madame la médecine libérale". "Le seul levier dont disposent les médecins c'est le déconventionnement qui à défaut d'influencer le Gouvernement permettra au moins de sortir de cette nasse, estime cet autre Egoranaute. L'élément le plus récurrent à la lecture de témoignages de déconventionnés est cette sensation de s'être affranchi de l'asphyxie."
"J'ai tendance à penser que tout est mieux que cette lente agonie, cette longue, épuisante, descente aux enfers... nuance ce lecteur pour qui la nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est une 'bonne chose'."
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