Une nouvelle étape a été franchie dans la lutte contre le tabagisme avec la mise à disposition de deux premiers traitements de substitution nicotinique pris en charge par l’Assurance maladie. Concrètement, les produits de substitution seront remboursés à hauteur de 65% comme c’est le cas pour les autres médicaments. Cette mesure permet de supprimer l’avance de frais systématique et d’avoir le même tarif pour un même produit sur tout le territoire, tout en permettant une durée de traitement adaptée à la dépendance.
En effet, actuellement, un forfait de 150 euros par an et par assuré est accordé pour traiter le tabagisme avec des substituts à base de nicotine mais nécessite d'avancer les frais, "ce qui peut limiter son accès aux personnes les plus défavorisées et les empêcher d'aller au bout de leur traitement par manque de moyens financiers", reconnait le Comité national contre le tabagisme (Cnct). De plus, les prix des produits de substitutions ne sont pas fixes et peuvent varier d'une pharmacie à une autre. Cette prise en charge concerne déjà des "gommes à mâcher", depuis le 22 mars 2018 et des "patchs", depuis le 16 mai 2018 : gommes Nicotine EG Fruit 2mg et 4mg sans sucre et Nicotine EG Menthe 2mg et 4mg sans sucre (laboratoires Eurogenerics) et la gamme de patchs NicoretteSkin (Laboratoire Johnson & Johnson). Un prix unique a été fixé pour chaque produit, quels que soit les dosages ou les parfums : 14,14 euros pour la gomme Nicotine EG et 28,55 euros pour le patch NicoretteSkin. D’autres produits sont amenés à compléter cette liste. "Cette prise en charge permet à tous les patients l’accès à ces traitements de substitution, y compris aux plus modestes", affirme le Ministère de la Santé Agnès Buzyn. A titre transitoire, le forfait d’aide au sevrage de 150 euros sera maintenu jusqu’à la fin de l’année 2018. Cette décision a été prise dans le cadre du Plan Priorité Prévention présenté le 26 mars 2018 par Agnès Buzyn et le Premier Ministre Edouard Philippe. "Soutenir les fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer est un impératif, ils sont victimes du tabac. Mon engagement dans la lutte contre le tabac est entier et ne faiblira pas" rappelle Agnès Buzyn. Le tabac, premier facteur de risque évitable de cancers… Cette mesure vient s‘ajouter à un arsenal d’autres actions visant à lutter contre la consommation tabagique telles que l’opération "Mois sans Tabac", l’augmentation des prix du paquet de cigarettes et de tabac à rouler, ou le renforcement des aides apportées par les professionels. Elle survient aussi dans le contexte d’une vaste campagne destinée à promouvoir les gestes de prévention, pilotée par l’Institut national du cancer. L’institut rappelle, en effet, que 40% des cancers détectés tous les ans pourraient être évités grâce à des changements de comportements. Le tabac est à ce titre le premier facteur e risque évitable : "sur les 150 000 décès par cancers recensés chaque année, 45 000 sont directement attribuables à sa consommation" rappelle l’INCa. Et si le cancer du poumon est largement connu du grand public (80 % de ces cancers sont provoqués par le tabac), ses effets délétères sur les autres cancers le sont beaucoup moins. Pourtant, "le tabac est notamment responsable de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), de 50 % des cancers de la vessie et de 30 % des cancers du pancréas" souligne l’Institut. 17 localisations cancéreuses au total sont concernées par le tabac. … et deuxième cause de maladie cardiovasculaire Cette année, la Journée mondiale sans tabac, mise en place par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est axée sur l'impact du tabac sur la santé cardiovasculaire des populations dans le monde entier, avec un slogan : "le tabac vous brise le cœur". En effet, "la consommation de tabac ainsi que l'exposition au tabagisme passif contribuent à raison d'environ 12% de tous les décès dus à une cardiopathie. Le tabagisme est la deuxième cause principale de maladie cardiovasculaire, après l'hypertension artérielle", affirme l’organisation mondiale. Et "80% des victimes d’infarctus du myocarde de moins de 45 ans sont des fumeurs" ajoute la Fédération Française de Cardiologie (FFC). Même les "petits" fumeurs augmentent significativement leur risque d’accident cardio-vasculaire : +48% chez les hommes et +57% chez les femmes dès la première cigarette quotidienne, par rapport à un non-fumeur. Dangers identiques avec le tabac chauffé La FFC donne aussi son avis sur une nouvelle pratique, lancée par les cigarettiers en 2017, qui se développe chez les jeunes, : il s’agit d’un tabac chauffé sans combustion (Heat-not-burn), qui ne dégage pas de fumée. D’après le Pr Daniel Thomas, Président d’honneur de la FFC et vice-Président de l’Alliance contre le tabac : "les données scientifiques objectives actuellement disponibles montrent que ces produits libèrent certaines substances toxiques similaires à celles des tabacs traditionnels fumés. L’hypothèse est forte, que les risques sanitaires soient proches de ceux observés avec les cigarettes fumées. Les tabacs chauffés s’opposent à la fin du tabac, et du fait de leur promotion agressive apparaissent constituer un problème et non une solution."
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