"On a le sentiment d'être menés en bateau" : les généralistes désespèrent de pouvoir enfin vacciner
"Les médecins sont épuisés, n'en peuvent plus de l'absence d'informations", ils ont le sentiment "d'être menés en bateau". Le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France le dit clairement : il n'est pas "agacé", mais "très en colère". D'après une enquête du syndicat de médecins généralistes menée auprès de 2.350 praticiens, 70% sont prêts à vacciner immédiatement et 20 % attendent des éclaircissements. "Moyennant quelques informations, ils sont 9 généralistes sur 10 à vouloir vacciner", se félicite Jacques Battistoni. Mais manifestement, le problème ne vient pas du manque de vaccinateurs. "50.000 praticiens attendent de pouvoir vacciner. La plupart des patients veulent être vaccinés par leur médecin", s'emporte le président de MG France. Conserver le vaccin au cabinet? Possible, répond MG France Selon le Collège de médecine générale, "l'offre de proximité" constituée par les structures ambulatoires telles que les centres de santé ou les MSP, est "plus accessible pour les patients qui y retrouvent souvent leurs médecins traitants" que les centres de vaccination. "La nécessité d’un accès à un ordinateur et/ou internet, la barrière de la langue, ou encore les trouble de la vue et/ou de l’audition, peuvent entrainer une discrimination dans la capacité d’accès à cette vaccination pour ceux qui en ont le plus besoin", souligne le CMG. "L’implication des médecins généralistes constitue un rempart contre les inégalités sociales de santé." Le problème viendrait-il de l'impossibilité pour les médecins de famille d'être équipés de super congélateurs capables de conserver le vaccin Pfizer/BioNTech à -80 degrés ? Non, répond MG France, qui assure que le vaccin se conserve 5 jours dans un réfrigérateur, dont sont équipés la plupart des médecins. "Les super congélateurs sont concentrés dans les centres de vaccination pivots. A partir de ces centres partent quotidiennement des doses vers les autres lieux de vaccination", explique le Dr Battistoni.
Face à cette crise sanitaire qui bloque le pays, les médecins sont convaincus que la vaccination est la clé pour enfin parvenir à une immunité collective. Ils sont donc tous très motivés pour vacciner que cela soit au cabinet, en centre de vaccination et même à domicile, pour les patients les plus vulnérables. Mais ils déplorent une absence totale de visibilité sur une campagne de vaccination qui doit débuter lundi 18 janvier pour les patients de ville. Une campagne "hospitalo-centrée" "On ne peut rien organiser avec zéro réponse. La semaine dernière, nous avions un accord du ministère pour vacciner puis, finalement, il y a un recentrage sur les centres hospitaliers parce qu'il n'y a pas assez de doses disponibles. C'est difficile de construire une campagne avec un changement de pied quotidien", peste le président de MG France, qui s'agace contre une campagne de vaccination qui promet d'être "hospitalo-centrée". Selon MG France, les hôpitaux concentrent "à la louche les trois quarts" des centres de vaccination ouverts à ce jour. Pourtant, le syndicat de généralistes a fait les comptes. Aujourd'hui 54.000 médecins généralistes réalisent quelques 800.000 consultations quotidiennes Les patients de plus de 75 ans représentent six millions de personnes. "C'est faisable par les généralistes si on se donne les moyens de nous donner les vaccins", calcule le Dr Battistoni.
Mais l'exemple d'un centre de vaccination dans le 18ème arrondissement de Paris fait douter sur les capacités logistiques d'approvisionnement des vaccins. "Nous sommes de nombreux médecins prêts à vacciner dans l'arrondissement. Certains sont mêmes prêts à fermer des plages de consultation pour vacciner. Au départ, on nous a annoncé 400 doses par semaine pour notre centre de vaccination, avant de nous demander de combien on aurait besoin. Ça n'est pas à nous de dire combien de doses il faut. Qu'on nous donne des doses et on s'organisera en conséquence", s'agace le Dr Agnès Giannotti, vice-président de MG France. Finalement, ce centre parisien n'obtiendra que 300 doses par semaine. "Pour 14.000 personnes éligibles à la vaccination", s'inquiète le Dr Giannotti. Des patients "en souffrance" "Il n'y a pas assez de doses disponibles. On est dans un rationnement. Nous n'avons pas la capacité de répondre à la demande et cela crée de la frustration. Nous mesurons en consultation une forme d'épuisement des patients, notamment les plus de 75 ans. Beaucoup n'ont pas vu leurs enfants à Noël, il s'auto-confinent. Ils sont en souffrance. C'est pour cela que leur adhésion à la vaccination est très forte. Ils ont compris que c'est la clé pour pouvoir sortir de chez eux", s'inquiète le Dr Jacques Battistoni. "Il faut accélérer. C’est une urgence absolue !" a également exigé Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, confiant avoir "le sentiment que l'administration est empêtrée dans sa lourdeur". "D’après les chiffres du ministère, on doit être à 1,5 million de flacons qui ont dû arriver en France" pour environ 250.000 personnes vaccinées. "Débloquez-nous tous ces flacons !" a lancé le néphrologue. Ce dernier déplore que les problèmes logistiques persistent alors "que des centres de vaccination, organisés par les médecins traitants, sont en train d’émerger partout".
Il pointe notamment du doigt un manque d’anticipation du Gouvernement : "Les super-congélateurs sont arrivés tardivement, les décisions ont été prises tardivement et hier [mercredi] soir, il n’y avait encore que 10% des patients résidant en Ehpad qui étaient vaccinés." Face au "défi phénoménal" auquel doit répondre la médecine libérale, le Dr Ortiz appelle l’exécutif à suivre le pas. Il prévient : "Tout jour perdu en matière de vaccination a des impacts catastrophiques d’un point de vue sanitaire et économique." Quant au vaccin Moderna, les premières doses commencent également à arriver. Si les conditions de conservation de ce vaccin sont plus souples que pour celui de Pfizer, le Syndicat de médecins libéraux (SML) espère qu'il sera "distribué aux médecins libéraux par l’intermédiaire du réseau des pharmacies de ville". "Le SML souhaite que cette solution soit rapidement examinée par le Gouvernement pour permettre aux médecins libéraux dans le cadre de leurs consultations, en lien avec les infirmières libérales, de proposer directement le vaccin Moderna à leurs patients relevant des cibles prioritaires définies par les autorités sanitaires".
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