"Nous avons perdu le contrôle de l’épidémie", alerte le Pr Karine Lacombe
Alors que plus de 50.000 cas de coronavirus ont été signalés en 24 heures en France, Karine Lacombe, cheffe du service infectiologie de l'hôpital Saint-Antoine (Paris), a confié être “plus inquiète qu’en mars” lors de l’émission “En toute franchise”, diffusée sur LCI ce dimanche. Estimant la situation “hors de contrôle”, l’infectiologue a déploré “le nombre de tests positifs vraiment énorme”. “A Paris, quasiment 20% des personnes dépistées sont positives", a-t-elle indiqué, assurant qu'“actuellement, nous avons perdu la maîtrise" de l'épidémie.
Selon elle, le nombre de cas est largement sous-estimé. “Nous ne serions pas du tout étonnés s'il y avait, en réalité, deux fois plus de cas, puisque tout le monde ne se fait pas dépister, en particulier les personnes asymptomatiques, a-t-elle admis. Elles représentent pourtant un réservoir important du virus, qui circule probablement beaucoup plus que ce que nous pouvons avoir comme reflet avec le dépistage actuel.”
Karine Lacombe sur la situation sanitaire : "Je suis très inquiète parce qu'on voit que les chiffres sont extrêmement défavorables. On a de plus en plus de personnes qui passent en réanimation."
— LCI (@LCI) October 25, 2020
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Vers un reconfinement ?
Après le Pays de Galles, l’Irlande ou encore une partie du Portugal, un éventuel reconfinement est par ailleurs évoqué en France par de nombreuses personnalités, y compris scientifiques. A ce sujet, Karine Lacombe a déclaré : “Nous allons voir comment résiste le système de soins”. “Mais en l'état, ce serait probablement la mesure qui aurait le plus d'impact sur la saturation du système de soins. Si on attend, on va souffrir”, a toutefois alerté l’infectiologue.
La cheffe du service infectiologie de l'hôpital Saint-Antoine a par ailleurs précisé que cette semaine serait déterminante pour sauver Noël. “Il faudra regarder l'impact du couvre-feu, que l'on observera peut-être en fin de semaine prochaine. Si les indicateurs sont encore noirs, alors il faudra prendre des mesures fortes. Autrement, on ne sauvera pas Noël. Si on ne veut pas passer Noël en confinement, il va falloir prendre des mesures avant.”
Enfin, pour mettre fin à la propagation du virus, Karine Lacombe a appelé à étendre l’usage du masque aux enfants de moins de 11 ans. “Même s'ils sont peu malades et contaminent peut-être moins que d'autres catégories de la population, les enfants demeurent un réservoir du virus, a-t-elle expliqué. Si nous devons agir sur tous les facteurs qui impactent la dynamique de l'épidémie, alors les enfants de 6 à 11 ans sont une tranche de population sur laquelle il faut agir.”
Dans le même temps, elle a demandé à “appliquer de façon plus stricte” le protocole à l’école, “que l'on aère régulièrement les espaces de vie commune”, et que l'organisation dans les cantines “soit revue” avant la rentrée.
Le modèle “emmental”
Sur le plateau de LCI, Karine Lacombe a également présenté un modèle visant à expliquer l’importance de respecter collectivement l’ensemble des mesures barrières. Il s’agit du modèle “emmental”, instauré par James Reason, professeur de l’université de Manchester, en 1990 pour expliquer les accidents industriels. Il est également utilisé par la Haute autorité de Santé (HAS) pour expliquer les accidents liés au système de soins.
“Le principe de ce modèle, c’est de dire que chaque tranche de ce fromage représente une action que l’on pourrait faire, soit pour éviter un accident soit une action qui n’a pas été prise et qui a conduit à l’accident. Chaque de ces tranches, qui ont des trous, signifient qu’en fait chaque action n’est pas efficace à 100%. Mais c’est l'empilement des différentes actions qui permet d’éviter l’accident industriel ou, ici, la contamination par la Covid”, a expliqué la praticienne.
Pr Karine Lacombe explique le modèle "emmental" de la défense contre l'épidémie de #Covid19, regardez .
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[avec AFP]
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