Tachycardie, difficultés respiratoires, brûlures thoraciques, troubles nerveux, phlébite... Depuis le 10 mars, où les premiers symptômes de type grippaux sont apparus, Marie*, psychologue de 33 ans, oscille entre des "jours meilleurs en ayant l'impression d'être guérie" et des "grosses rechutes inquiétantes", nécessitant une hospitalisation à deux reprises, mais sans avoir été testée. "Mi-avril, j'allais mieux alors mon cardiologue m'a dit de faire de l'exercice, j'ai fait du vélo d'appartement pendant 10 minutes, je me suis retrouvée clouée au lit pendant 48 heures car mon cœur battait à 150", raconte-t-elle, avec "l'impression de respirer dans une paille". Seule et "dans l'inconnu", son médecin généraliste lui affirmant qu'elle "somatisait", elle décide de créer le hashtag #aprèsJ20, pour fédérer les malades dans son cas. Des centaines de personnes la contactent rapidement.
Selon Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), sollicité par ces patients aux symtômes persistants, "l'hypothèse forte retenue est une réaction de type inflammatoire de la machinerie du système immunitaire". "Ce n'est plus le Covid, c'est la résultante du Covid, c'est-à-dire que le système immunitaire se met en marche pour nettoyer ce virus et cela entraîne une grande fatigue". D'ailleurs, plus de la moitié de ces gens aux symptômes persistants ont des tests Covid négatifs, leurs prises de sang ne montrent aucune trace d'infection et leurs scanners sont normaux, selon Dr Davido.
"Ça ressemble un peu à de l’asthme"
De son côté, Roland Tubiana, infectiologue à la Pitié-Salpétrière (AP-HP), assure qu'il n'y "pas de conclusions ni même d'interprétation sérieuses à ce stade", surtout que "beaucoup de patients n'ont pas eu de diagnostic prouvé virologiquement initialement".
Au CHU de Rennes, où une surveillance des convalescents a été mise en place via une application, "à peu près 10 à 15% des patients continuent six semaines après, à déclarer deux symptômes essentiellement: la fatigue -y compris chez des gens très dynamiques et très actifs avant- et l'essoufflement pour des efforts que six mois avant ils auraient tolérés sans problème", rapporte le Dr Pierre Tattevin, infectiologue au sein de l’établissement et président de la Société de pathologie infectieuse de langue française. "La chose qui semble la plus courante chez ces patients qui restent gênés un mois et demi après, ressemble un peu à de l'asthme, à de l'hyper-réactivité bronchique. Ces gens sont bien soulagés par des béta-2 mimétiques, comme le salbutamol", précise le médecin.
"C’est frappant parce que c'était des gens qui n'avaient pas de forme grave au départ", ni de "prédispositions particulières" et sont "souvent des jeunes", constate-t-il. Pour l’infectiologue, "ce n'est pas la réapparition du virus" : "quasiment tous ceux qu'on a testés à nouveau étaient négatifs", « ils ne présentent d’inflammation d’après les prises de sang". "Cela n'a pas l'air d'être, non plus, de nouveaux épisodes d'embolie pulmonaire". Et de conclure : "On a appris à être prudent avec ce virus, il nous a surpris plusieurs fois. Mais là, on n'a pas l'impression que ça va devenir chronique."
*Le prénom a été changé
[avec AFP]
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