Les risque de dépendance, de démence ou de dépression sont majorés pour les personnes âgées qui ne bénéficient pas de correction auditive. Une étude de l'Inserm publiée dans la revue américaine Journals of Gerontology apporte des arguments aux partisans d'un remboursement intégral, actuellement en débat dans un cadre de reste à charge zéro pour un panier de soins utiles.
Le coût d'une audioprothèse est dissuasif pour de nombreux Français. Il atteint en moyenne 1 535 euros, dont 958 à la charge du patient, selon le syndicat professionnel UNSAF. Or d'après les scientifiques, ne pas porter cet appareil est nuisible pour la santé. "Cela accroît le risque au long cours de présenter une démence ou une dépendance, et, chez les hommes, une dépression", a expliqué à l'AFP la neuropsychologue Hélène Amieva. "Donc il est utile de dépister et de traiter la perte d'audition, même si on peut considérer que c'est quelque chose de normal, avec l'âge, d'entendre moins bien", a-t-elle ajouté. Elle a coordonné l'étude menée par un laboratoire de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Bordeaux, et publiée dans la revue américaine Journals of Gerontology. Les chercheurs ont suivi pendant 25 ans (1989-2015) 3 577 habitants de Gironde et Dordogne âgés de 65 ans ou plus. Des tests des capacités cognitives montrent un "déclin accéléré" chez ceux qui auraient besoin d'un appareil auditif mais n'en portent pas. Chez les personnes portant un appareil auditif, les risques sont moindres, comme pour celles déclarant ne pas avoir de problème d'audition. Lors d'une conférence de presse organisée à Paris par le syndicat des audioprothésistes UNSAF, deux économistes spécialistes de santé ont estimé que ces résultats plaidaient pour un meilleur remboursement. "En gros le rapport entre le coût d'une audioprothèse et les économies sur les dépenses de santé est de un à dix. C'est rarissime qu'on trouve ce genre de chiffre. C'est le cas par exemple avec la vaccination", a expliqué Jean de Kervasdoué, du Conservatoire national des arts et métiers. Quelque deux millions de Français portent un appareil auditif. Selon l'UNSAF, ils pourraient être jusqu'à un million de plus dont deux tiers susceptibles de s'équiper si le coût était moins élevé. L'organisation professionnelle des audioprothésistes propose une réforme en deux temps, qui coûterait 340 millions d'euros par an à l'Assurance-maladie, pour que les appareils soient mieux remboursés dès 2018, et entièrement à partir de 2020. "On aurait un retour sur investissement, si j'ose dire, qui serait rapide : sur l'échelle d'un quinquennat. Nous savons que chez un patient équipé d'une prothèse, l'économie sur les dépenses de santé commence tout de suite", a expliqué le président de l'UNSAF, Luis Godinho. "On a bon espoir d'être entendus par le gouvernement, mais aucune assurance aujourd'hui. C'est en concertation", a-t-il ajouté. Emmanuel Macron promettait lors de la campagne présidentielle un "100% de prise en charge" des lunettes, des prothèses dentaires et de l'audition en 2022, "sans augmenter le prix des mutuelles". [Avec AFP]
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