Taclée par Buzyn, Touraine reprend du service sur le tiers payant

24/10/2017 Par Catherine le Borgne

Brève passe d'armes entre Agnès Buzyn et Marisol Touraine sur le sujet du tiers payant généralisé, dont l'application est repoussée. Pour la ministre de la Santé, la loi n'était pas applicable techniquement. Et le gouvernement "prendra son temps" pour le rendre accessible à tous les Français. Selon la ministre sortante, le tiers payant "ça marche", elle en est "fière".  Le reste est de" l'idéologie," dans un "flou" entretenu, a-t-elle critiqué.

"Je regrette qu'on vote des lois sans se préoccuper de savoir si c'est faisable." Agnès Buzyn, issue de la société civile, n'a pas été longue à apprendre les règles de la politique. Sur RTL-Le Figaro-LCI, la ministre de la Santé a justifié dimanche dernier par des difficultés techniques et informatiques le report de l'entrée en vigueur du tiers payant que le gouvernement souhaite généralisable et non plus généralisé. La loi de Santé défendue becs et ongles par Marisol Touraine, contre les médecins, prévoyait qu'il devienne un droit pour tous les Français au 30 novembre prochain.   A lire également: Que devient Marisol Touraine ?   Une flèche qui a fait mal à Marisol Touraine, touchée dans sa retraite et son orgueil S'exprimant sur RTL, dès le lendemain lundi, l'ex ministre de la Santé vaincue aux dernières législatives a défendu vigoureusement son bilan. "Ce qui n'est pas très sympathique pour les Français, c'est de donner le sentiment qu'on va remettre en question une réforme qui marche déjà, qui s'applique déjà, et qui est une réforme importante. Je suis fière d'avoir mis sur les rails cette réforme fondamentale", a assuré l'ex ministre de la Santé. "Le fait est que ça marche. Il y a de l'idéologie", a-t-elle insisté en déplorant "le flou" entretenu jusqu'à présent par le nouveau gouvernement : "La loi a été votée, les moyens de la mettre en place avaient été lancés, mais quand on ne prend pas des engagements clairs, on ne se donne pas les moyens de faire réussir des réformes", a-t-elle critiqué.  

"D'ici la fin du quinquennat"

  Invitée le mardi par CNews,  Agnès Buzyn est un peu plus entrée dans le détail de ce report. La ministre a affirmé mardi que le tiers payant "a vocation à être accessible à tous les malades", mais a dit vouloir "y aller doucement" d'ici "la fin du quinquennat". "Nous allons travailler à sa faisabilité technique (…) Nous n'abandonnons pas le tiers payant qui a vocation à être accessible à tous les malades (…) Nous allons y aller doucement, parce que c'est important que les médecins aient du temps médical à donner à leurs malades" plutôt que de remplir des papiers. "Techniquement, dès qu'il sera faisable, les patients y auront accès", a assuré la ministre, en défendant la volonté du gouvernement de ne pas le rendre obligatoire, contrairement à ce que prévoyait la loi Santé votée sous le précédent quinquennat. "C'est plus compliqué pour les médecins que pour les pharmaciens, et donc il faut qu'on accompagne les médecins pour qu'ils aillent spontanément vers le tiers payant", a-t-elle estimé. Le tiers payant dans les pharmacies était "sans obligation et aujourd'hui 99% des pharmaciens l'appliquent", a-t-elle fait valoir. Agnès Buzyn a par ailleurs réaffirmé qu'aujourd'hui, le tiers payant " fonctionne pour 11 millions de personnes" (remboursées à 100% par l'Assurance-maladie) "et il est hors de question d'y toucher". "Nous devons avancer avec les professionnels, avec les mutuelles, pour rendre ce tiers payant accessible et surtout, à ce qu'il soit accessible aux personnes qui en ont besoin", a-t-elle répété en avançant qu'il y aurait sans doute besoin d'un "véhicule législatif" pour officialiser ce nouveau TPG. [Avec rtl.fr, Le Figaro europe.1.fr et l'AFP]

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