"Ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion de m’adresser à vous à cette tribune", a plaisanté François Braun en préambule de son discours à l’occasion du congrès Urgences 2023 organisé par la Société française de médecine d'urgence et Samu-Urgences de France. L’ex-urgentiste et ancien président du syndicat était vivement attendu par ses anciens confrères, alors que l’été s’annonce à nouveau "extrêmement compliqué".
"Ma vision combinée de membre de la société civile et de ministre politique me permet d’avoir une analyse des difficultés du système de santé dans son ensemble et des pistes de solutions à tracer", a-t-il soulevé devant plusieurs centaines de professionnels réunis et attentifs. "J’ai relu les discours que j’ai prononcés ici. En 2022, le président de Samu Urgence de France martelait que la crise des urgences n’est en rien l’apanage des seuls services d’urgences mais bien l'expression d’une crise systémique profonde qui touche tout notre système de santé et la prise en charge des soins non programmés. En 2023, le ministre est heureux de cette vision systémique du système de santé. C’est celle à partir de laquelle nous envisageons des solutions", a-t-il poursuivi.
"Alors que l’été arrive, même si pour beaucoup de nos concitoyens il est synonyme de beau temps et de congés, pour les urgentistes, c’est toujours la même galère. Les défis que nous avons à relever sont encore nombreux", a reconnu François Braun pour qui "tous les étés aux urgences sont des étés critiques", des périodes "qu'il faut aborder avec fermeté mais aussi avec sérénité", a-t-il estimé en marge de son discours. "Nous avons un système de santé qui est solide, et nous avons des services d'urgence qui ont montré leurs capacités à faire face aux difficultés", a-t-il tenté de rassurer.
Pourtant, "la situation est pire que l'année dernière", selon Karim Tazarourte, le président de la Société française de médecine d'urgence. Les services d'urgence pourront "garantir aux citoyens l'accès aux soins urgents, mais ce qu'on ne pourra plus garantir, c'est l'accès pour le tout-venant, toute pathologie", a-t-il fait savoir dans le discours d’ouverture du congrès. Dans certaines zones touristiques où la population est faible en temps normal, "ça va devenir très complexe" de pouvoir garantir l'accès à un médecin urgentiste, "hormis le renfort héliporté", a-t-il averti. "On a des territoires ou l'été va être très compliqué à passer."
Braun rassure les urgentistes
Evoquant délicatement sur la question du plafonnement des intérimaires, François Braun a préféré botter en touche rappelant la nécessité d’une telle mesure. Malgré les difficultés que peuvent rencontrer certains services depuis sa mise en place, "nous avons une surveillance beaucoup plus accrue, aiguë de ces services et je continue de voir cela de très près avec les Agences régionales de santé", a-t-il assuré
Pour faire face aux risques d'engorgements, le ministre de la Santé compte notamment sur les mesures adoptées l'an dernier après une "mission flash" qu'il avait lui-même dirigée, alors qu'il n'était encore que président de Samu-Urgences de France. La régulation par le 15 est ainsi en train d'être généralisée sur tout le territoire. "L'été dernier, nous avons fait baisser de 5% la fréquentation des services d'urgences, une première depuis 20 ans" grâce à cette régulation en amont, a assuré François Braun. Au-delà de ces mesures, il mise sur le Service d’accès aux soins et la prise en compte de la pénibilité des équipes et une meilleure gestion des lits. “Ce n'est pas la mission des services d'urgence d'être la porte d'entrée unique de l'hôpital, ni d'être une salle de consultation ouverte à toute heure", a-t-il souligné.
François Braun a enfin promis qu’il avait demandé aux ARS qu’avant le mois de juillet, “une gestion des lits soit opérationnelle dans tous les territoires, incluant les établissements privés” qui sera “coordonnée par les établissements pivots des GHT”. Il a enfin rappelé qu’Emmanuel Macron lui-même a promis que le Gouvernement "continuerait à travailler" sur les conditions de travail à l'hôpital, "en premier lieu sur le travail de nuit et de week-end", a-t-il aussi souligné.
Le ministre n’a pas annoncé de mesures nouvelles, alors même qu'il est très attendu notamment sur la revalorisation des rémunérations et des carrières des praticiens hospitaliers. “Je travaille avec vos syndicats pour valoriser la pénibilité et plus largement la carrière des praticiens hospitaliers. Derrière le terme carrière, vous avez compris mon attachement à ce qu'on a pu appeler les 'praticiens hospitaliers oubliés du Ségur' en milieu de carrière”, a-t-il précisé.
[avec AFP]
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