"Nous comptons 5,6 millions de fonctionnaires, la durée de vie s'allonge, le système de santé est désorganisé, il n'y a pas suffisamment de médecins généralistes, pas de structures d'accueil pour les petites urgences. Il faut restructurer", a plaidé François Fillon, jeudi soir, sur France 2.
Cet état des lieux a été dressé par le candidat face à David Pujadas, au décours d'une vidéo montrant le dialogue de sourds, très difficile, entre François Fillon et des personnels soignants d'une Ehpad d'Ile de France qu'il était venu visiter, en présence du Dr Christophe Prudhomme, de l'Amuf.
Deux pour 84 patients
"Vous voulez augmenter le temps de travail à 39 heures : vous vous imaginez la pénibilité de notre travail ?" lui a demandé l'une des employés. "Les 39 heures, on les fait déjà ! On a besoin de nos RTT pour nous reposer, parce que l'épuisement professionnel, il arrive aussi", a attaqué une autre. "La nuit, on est deux pour 84 [patients]. Il faut répondre au téléphone, répondre aux sonnettes... On fait les soins jusqu'à 3 heures du matin !", a témoigné une troisième. "Quand vous enlevez un agent administratif dans un service, qui le paie ? C'est l'infirmière. Si ce n'est pas l'infirmière, ce sera l'aide-soignante. Comment ça se passe dans ces cas-là ?" a interrogé une quatrième. Autant de critiques face auxquelles François Fillon est resté droit dans ses bottes, ne montrant guère d'empathie. "Vous voulez que je fasse de la dette supplémentaire?", a-t-il répliqué.
"Allongement de la vie"
Fraçois Fillon a mis en avant "la situation très difficile de la France, qui s'aggraverait encore si les salaires étaient augmentés", la nécessité de passer de 37 à 39 heures, et la baisse de la pression bureaucratique et "l'allongement de la vie". "La votre, ont répondu les soignants". Après cette séquence très durement jugée par les internautes, faisant état du choc entre "la théorie et la vraie vie", ou brocardant "la froideur" du candidat, François Fillon n'a pas dévié de sa route : "Avec 100 % d'endettement, nous sommes dans le rouge, proches de l'Espagne, de la Grèce, de l'Italie. A la merci d'une crise financière. Il faut prendre des initiatives maintenant et baisser la dépense publique" a-t-il poursuivi.
Pas d'augmentation de salaire
Alors que son programme prévoit de supprimer, sur cinq ans, 500 000 postes de fonctionnaires, François Fillon a redit que les 5,6 millions de fonctionnaires que compte notre pays n'ont "aucune perspective d'avenir, il n'y aura pas d'augmentation de salaire. Si on diminue le nombre d'emplois, il faudra augmenter le temps de travail". La négociation se fera "secteur par secteur, sur la durée du quinquennat". Voir la vidéo
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