"L’objectif, c’est une montée en compétence généralisée des professionnels de santé sur le numérique en santé"

28/01/2022 Par Aveline Marques
E-santé
Quatre-vingt-un millions d’euros. C’est le budget consacré à la formation dans la stratégie d’accélération du numérique en santé. Cette stratégie vise à favoriser “une acculturation et une montée en compétence” de l’ensemble des acteurs -des étudiants en santé aux professionnels en passant par les citoyens- pour faire de la France le “leader” européen de la santé numérique. Dans une interview accordée à Egora, Mathieu Faure, directeur de projets à la délégation ministérielle au Numérique en santé, revient sur ces enjeux, qui seront détaillés mardi 1er février lors d’un événement organisé conjointement par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur.

  Egora.fr : En quoi la formation est un axe stratégique majeur du développement de la santé numérique en France? Mathieu Faure : Cette stratégie d'accélération s'inscrit dans la feuille de route déjà établie du numérique en santé, renforcée par le Ségur du numérique. Elle vise à promouvoir des outils et services pour les professionnels et les citoyens mais également des nouveaux usages et des bonnes pratiques, à la fois sécurisées et éthiques. Cette stratégie, qui vise à faire de la France le leader en santé numérique en Europe, pose comme pré-requis d’avoir une acculturation, une montée en compétence généralisée de l'ensemble des acteurs. Si on veut vraiment pousser l'innovation, il faut que tous les acteurs puissent connaître les bases, mais également qu'on ait des expertises là-dessus. Dans ce cadre, la stratégie consacre un effort inédit de 81 millions d'euros sur les 650 millions à la formation. Cette enveloppe est dédiée à tous les publics : un premier sous-axe est dédié aux professionnels de santé, un deuxième aux experts numériques en santé (ingénieurs, juristes, professions réglementaires), un troisième aux citoyens, dans une optique de lutte contre la fracture numérique, et un quatrième pour les DSI* hospitalières et l’attractivité de ces métiers.

  S’agissant de la formation initiale, l’ensemble des référentiels de compétence des professions de santé vont être mis à jour. Les étudiants en santé seront donc tous formés à la santé numérique? Pour les professionnels de santé, l’objectif principal, c’est une montée en compétence généralisée. On souhaite que tous les professionnels de santé acquièrent un socle de compétences en santé numérique. Selon les spécialités, nous souhaitons pousser certaines expertises. La première action consiste en effet à définir un référentiel de compétences socle et transversal : nous avons travaillé avec l’ensemble des professions de santé pour que ce référentiel soit commun aux professions médicales et paramédicales. Bien entendu, chaque profession pourra ajouter des compétences en fonction de sa pratique. Nous allons donc faire évoluer les référentiels de compétences de toutes les professions concernées pour intégrer ce référentiel socle dans les différentes formations. En complément, nous avons publié un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour accompagner financièrement les établissements de formation dans cette évolution des référentiels : recrutement d’ingénieurs pédagogiques, d’enseignants pour ces modules, etc. La première levée est le 24 février. Nous souhaitons que les établissements (fac de médecine, de pharmacie, Ifsi…) y répondent collectivement pour garder cette transversalité du référentiel et mutualiser des ressources, des compétences, des enseignements. La troisième action est centrée sur la plateforme PIX, qui est à l’heure actuelle une plateforme qui évalue et certifie les compétences au numérique. En se basant sur le référentiel socle, nous allons développer une plateforme PIX pour le numérique en santé, dont l'objectif sera de proposer aux étudiants dans un premier temps, puis ensuite à l’ensemble des professionnels de santé, d’évaluer leurs compétences au numérique en santé. Nous allons nous en servir comme un outil de sensibilisation, puis d'évolution, voire de certification.   Quelles actions seront dirigées vers les professionnels en exercice? L’AMI, qui finance la formation initiale, finance aussi toute l’ingénierie pédagogique : la conception de ces programmes, de ces modules d’enseignements. Nous allons demander à ce que les établissements qui répondent à l’AMI puissent les proposer également en formation continue. Nous travaillons également avec l’Agence nationale du DPC qui fera du numérique en santé une orientation prioritaire pour la triennale 2023-2025, sur la base du référentiel. Ce référentiel sera donc le cadre pour la formation initiale, l’évaluation et la formation continue. Si une structure répondant à l’AMI est labellisée DPC, la formation sera éligible au DPC.   Qu’en sera-t-il pour les citoyens et les patients? La lutte contre la fracture numérique est primordiale. L’objectif n’est surtout pas que le numérique en santé vienne encore aggraver l’accès aux soins de ces publics, parfois déjà en difficulté : au contraire. Le numérique en santé peut être un outil facilitateur de l’accès aux soins, parce qu’il résout des problématiques de mobilité, parce qu’il peut faciliter les démarches, la prise en charge à distance. Nous avons un programme d’ambassadeurs numériques : sur l’ensemble du territoire, ils formeront les médiateurs numériques existants pour qu’ils ajoutent une brique numérique en santé à leurs actions et interventions en direction de ces publics, pour qu’ils sachent accomplir ces démarches (prise de rendez-vous, téléconsultation…) liées à la santé que tout citoyen maintenant se doit d’acquérir étant donné que l’outils numérique est devenu indispensable pour l’accès aux soins. Nous travaillons là aussi avec PIX pour une évaluation des compétences numériques en santé pour le citoyen.   Un groupe de travail planche sur un code de “e-déontologie”. Pouvez-vous nous en dire plus? Pour l’instant, le code de “e-déontologie” n’est pas encore finalisé. Les travaux sont en cours dans le cadre de la feuille de route du numérique en santé. Il faut que les enseignements sur le numérique en santé traitent des évolutions déontologiques au regard de ces nouveaux usages, par exemple autour du partage d’informations entre pairs ou de l’annonce au patient   *Direction des systèmes d’information.  

Pour en savoir plus
Les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur organisent conjointement une journée dédiée à ce pilier de la Stratégie d’accélération “Santé numérique” qu’est la formation. Des tables-rondes avec l’ensemble des acteurs impliqués reviendront sur l’évolution des référentiels de compétences, de la formation continue ou encore sur les “métiers d’avenir” à l’hôpital. L’événement, organisé mardi 1er février à partir de 13h30 en distanciel, est ouvert à tous. Pour s’inscrire : https://www.eventbrite.fr/e/billets-sasn-journee-formation-competences-metiers-davenir-227522364517. 

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

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Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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